Rencontre ■ Parmi les secteurs qui ambitionnent d'être en amont du challenge gouvernemental de créer une véritable force de production algérienne : le secteur de la pharmacie. Cela bien entendu dans la mesure «où les projets d'investissement dans le domaine de l'industrie pharmaceutique se concrétisent». En partant de cette donnée, des spécialistes, rassemblés, le temps d'une rencontre, hier à Alger, affirment que la concrétisation de ces projets «permettra de placer l'Algérie en position de force non seulement pour couvrir le marché national mais surtout pour exporter». Actuellement, 70 et 117 unités de production opérationnelles sont soit en cours de réalisation ou font l'objet d'intention d'investissement officiellement recensés. Néanmoins, comme souvent, le problématique de la formation de cadres compétents à gérer et manager ces infrastructures a été négligée. Pour le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie, Abdelouahed Kerrar, «il existe un décalage entre ces ambitions et la formation, dès lors que l'approche de l'industrie pharmaceutique n'existe toujours pas de manière entière et universitaire». Le président de l'Unop a cité, à ce propos, l'absence de formation aux métiers de l'industrie pharmaceutique, dont les opérateurs sur la chaîne, la formation en assurance-qualité, ainsi que les inspecteurs de la qualité qui reléveraient du ministére de la Santé et de la Réforme hospitaliére. «Tout cela reste à faire, d'autant que l'Algérie a l'ambition d'avoir une industrie de biotechnologies mais ne dispose pas de cadre juridique dans ce domaine. J'ai cité la formation, mais il y a également d'autres ingrédients importants, comme la mise à niveau du cadre réglementaire et l'émission d'un nouveau cahier des charges pour l'industrie pharmaceutique», a-t-il ajouté. Interpellé sur la loi sur la santé de 1985, M. Kerrar a espéré que celle en préparation soit «plus moderne» et «en phase avec l'outil industriel existant», précisant que le texte précédent correspondait à «l'époque où l'Algérie importait pratiquement tous ses médicaments». «Je dirais néanmoins que cette industrie a réussi en dix ans à multiplier par 10 sa production et l'on atteint aujourd'hui 40% de couverture des besoins du marché national. Je ne connais pas beaucoup de secteurs en Algérie qui couvrent autant la demande locale», a-t-il indiqué avant de noter que le probléme réside surtout dans les lenteurs administratives. Le président du conseil de l'Ordre des pharmaciens d'Alger, Lotfi Benbahmad, a plaidé de son côté pour la «formation aux bonnes pratiques de la gestion» de l'officine et à l'implication du pharmacien dans les programmes de prévention et ce, a-t-il soutenu, en tant qu'«acteur dans la chaîne de santé en Algérie».