Expression ■ La calligraphie demeure l'art le plus distingué dans le monde musulman qui l'unit à la parole divine et au Coran. Alger est en train de se forger une place parmi les villes du monde, habituées depuis quelques années aux rendez-vous des arts calligraphi-ques. Le déroulement des différentes éditions du Festival international de calligraphie arabe a permis l'émergence de nouveaux talents dans les arts de l'islam en Algérie. Timide durant des décennies et consacrée par une poignée d'amoureux des belles écritures, la calligraphie tend à s'étendre à travers toutes les wilayas, attirant de plus en plus d'amateurs des arts graphiques et artistiques musulmans. Alger l'enlumineuse émerge depuis quelques années grâce à la création de son musée des enluminures, où l'on peut voir une exposition permanente d'œuvres acquises par le musée. Nonobstant cela, la capitale algérienne, par le biais de son Festival international de la calligraphie arabe, devient incontournable pour beaucoup d'artistes calligraphes étrangers, soucieux de faire connaître l'art calligraphique se rapportant à leur pays d'origine. Les échanges de connaissances entre les calligraphes de tous horizons (Inde, Irak, Egypte, Pakistan, USA, France, Espagne, Maroc, Tunisie, Bulgarie, Japon, Chine, etc.) et algériens à chaque nouvelle édition ainsi que les techniques particulières de chacun permettent des évolutions de procédés et des enseignements qui ne sont pas sans apporter un souffle nouveau aux techniques algériennes confinées jusque-là dans un paysage artistique restreint. Les jeunes calligraphes algériens, outre la calligraphie classique, accordent un intérêt particulier à la calligraphie contemporaine, forgeant une identité artistique algérienne dans cet art des écritures. Après leur passage dans des écoles des beaux-arts et au contact des arts plastiques, les jeunes calligraphes adoptent de nouveaux supports et de nouveaux procédés. Pour nombre d'entre eux, ils intègrent la calligraphie classique dans une approche mo-derniste. La génération actuelle des calligraphes algériens considèrent que l'art abstrait peut s'intégrer à la calligraphie et à l'art d'écrire les lettres arabes. Une fusion qui, pour certains adeptes de la calligraphie classique, n'a rien d'une référence artistique, car disent-ils, il faut savoir protéger l'essence première des premières belles écri-tures dont la quintessence est la Parole divine. Ces puristes prônent le courant traditionaliste. Les autres, disciples de l'art plastique européen en fusion avec la calligraphie arabe, acceptent l'idée d'une conception innovante en employant la multiplication des outils, allant du calame aux pinceaux, à la toile, créant une calligraphie arabe classique nourrie à l'art moderne. Pour cela, le festival a introduit dans son programme des prix de calligraphie contemporaine. C'est vers le VIe siècle que la calligraphie arabe, héritée de l'écriture cursive nabatéenne, est née. Elle s'étend peu à peu, après la Révélation du message divin à La Mecque et Médine, transmise par les premiers scribes musulmans qui ont développé le hidjazi, forme d'écriture sophistiquée, s'apparentant au style koufique. Il faut savoir que les premiers exemplaires du Coran ont été rédigés en hidjazi. Avec la transcription du livre sacré, d'autres styles calligraphiques se son propagés, notamment le koufique, le fersi, originaire de Perse (Iran) le maghribi faisant référence à la région du Maghreb et de l'Andalousie ainsi que le neskhi. L'édition de cette année a été dédiée à la calligraphie maghrébine ou Occident musulman, écriture toute de délicatesse et de finesse. Les graphies maghrébines ont adopté un tracé simple aux courbes pures se différenciant des écritures arabes officielles. Une nouvelle école de la calligraphie arabe est en train de poser ses bases, induisant un débat entre traditionnalistes et modernistes. Ces derniers avancent l'idée de reconnaître à la calligraphie son courant contemporain et de montrer l'impact graphique qu'elle a dans une société du 21eme siècle.