Vestige ■ Le site archéologique de Mari est situé à l'extrême sud-est de la Syrie sur le moyen Euphrate, à 11 kilomètres d'Abou Kémal et à une dizaine de kilomètres de la frontière irakienne. Située dans cette plaine, Mari fut une importante cité mésopotamienne dès le IIIe millénaire av. J.C., contemporaine de la civilisation sumérienne d'Uruk. Elle est surtout connue pour son splendide palais du IIe millénaire av. J.C. et grâce aux excavations entreprises depuis 1933 par l'archéologue français André Parrot, puis reprises par Jean-Claude Margueron en 1979. Après 40 campagnes de fouilles, on estime qu'environ un quinzième du site a été fouillé (8 hectares sur 110). En aval de Deir ez-Zor, l'Euphrate poursuit un parcours sinueux dans une vallée large comme un delta. La steppe a été irriguée depuis l'Antiquité avec des digues et des canaux, permettant l'entretien, la fourniture en eau et donc la mise en culture intensive, d'un damier de terres alluviales fertile. L'Euphrate coule en zone aride, les précipitations sont inférieures à 150 mm, alors que 250 mm sont nécessaires à une agriculture sèche. Aucune culture n'était possible dans la vallée sans l'aménagement d'un réseau d'irrigation élaboré. Des travaux de grande envergure, destinés à assurer la survie des habitants de la cité et peut-être même à faciliter le cheminement par voie fluviale, ont été entrepris : un réseau d'irrigation en rive droite, branché sur un lac de retenue alimenté en hiver par les pluies, et selon J.-C. Margueron c'est du début du IIIe millénaire qu'il faut dater le grand canal long de 120 km reliant l'axe du Khabur à l'axe euphratique, à une dizaine de kilomètres en aval de Mari. Mais ce dernier point fait l'objet de débats. Certaines tablettes de l'époque amorrite attestent du fait que les souverains de Mari ponctionnent près de 20% de la valeur des marchandises y transitant. Mari semble plus une cité de commerce terrestre que fluvial, l'Euphrate étant peu praticable en aval, et la route commerciale principale passe par voie terrestre via le triangle du Khabur. Mari est fondée autour de 3000. Les premières mentions historiques de Mari apparaissent dans les textes d'Ebla, et datent du XXIVe siècle. Les souverains éblaïtes sont alors tributaires des Mariotes, avant de s'en défaire, ce qui témoigne de la puissance de Mari (confirmée sur place par l'archéologie). Cette période faste se finit avec la prise de la cité par le premier souverain d'Akkad, Sargon vers 2330. Au IVe millénaire avant notre ère, dans le sud de l'Irak actuel, des hommes inventent un système de codes organisé pour tenir une comptabilité de leurs échanges commerciaux : l'écriture cunéiforme était née. Vingt perles en lapis-lazuli, quatre bracelets de cheville en argent, deux perruques, deux lits et huit domestiques : la dot de Simatum, princesse mésopotamienne promise à l'un des vassaux de son père, Zimri-Lim, le roi de Mari, comporte bien des trésors. Mais le principal n'est ni une parure, ni un meuble, ni même une robe. ( A Suivre...)