Résumé de la 1re partie En 1941, le Spitfire est l?appareil le plus rapide du monde en piqué. Piloté par le commandent Bader, il est pris en chasse par deux Messerschmitt. Il atterrit avec la jambe d'acier pliée. Le genou lui remonte dans la poitrine et lui défonce les côtes. Il perd connaissance... Quand il se réveille, c'est sous l'effet d'une douleur atroce. Trois soldats allemands sont en train de lui enlever son harnachement. Et le moindre mouvement qu'il lui font faire déplace ses côtes brisées. Bader est encore trop assommé par le choc pour protester. Il sent qu'on l'emmène dans une voiture et se retrouve à l'hôpital. Un médecin allemand se penche sur lui. Il voit la jambe du pantalon flasque et déchirée, fronce les sourcils, écarte le tissu, et reste sidéré devant le moignon de cuisse ! «Mais... il vous manque une jambe !» L'Allemand s'est exclamé dans un anglais guttural. Bader a un peu récupéré. Juste assez pour retrouver son humour britannique. D'ailleurs, ce qu'il répond à l'Allemand est la stricte vérité : «Oui... Elle s'est détachée pendant que je sortais de l'avion.» L'Allemand reste interloqué un instant, puis hoche la tête : «Je vois... un vieil accident que vous avez eu avant la guerre. Et vous êtes quand même pilote ? Bon, bon, bon... Voyons le reste. Vous avez une blessure au cou, on va vous la soigner... On vous a pansé les côtes, très bien? Voyons l'autre jambe. Infirmière, enlevez-lui son pantalon !» Trente secondes plus tard, le major allemand ouvre la bouche... et ne la referme pas. Il fixe d'un ?il incrédule la jambe gauche de Bader, en acier articulé, sanglée à son moignon de cuisse par des lanières de cuir. Enfin, il récupère et s'exclame : «Vous pilotiez un chasseur avec deux jambes artificielles ! ? La première m'a sauvé, la deuxième m'a assommé : ça compense...» lui répond paisiblement Bader. Alors, le médecin allemand regarde un peu plus attentivement les décorations de Bader. En une heure, non seulement l'histoire fait le tour de l'hôpital, mais elle parvient au quartier général de la base aérienne allemande. Les jeunes officiers de la Luftwafe viennent tous voir Bader : «C'est vous le pilote de chasse cul-de-jatte ? Ça se disait, qu'il y en avait un dans la RAF, mais on n?y croyait pas.» Les jeunes pilotes allemands sont si admiratifs qu'un troisième, qui n'est qu'un officier d'intendance, finit par s'en irriter. «Evidemment, dit-il d'un ton sec, c'est une chose qu'on ne verrait pas dans l'armée allemande... ? Vraiment ? lui répond Bader, plus Anglais que nature. Eh bien, chez nous, c'est courant ! Sauf pour les fantassins ! Dans ce cas, ils se font excuser ! A propos, puisque vous êtes officier d'intendance, vous ne pourriez pas envoyer un planton chercher ma jambe dans la carcasse de mon avion ? Et si on ne la trouve pas, vous ne pourriez pas en faire commander une à Londres ? Ils peuvent sûrement me la parachuter !» Totalement insensible à l'humour de Bader, l'officier d'intendance allemand répond d'un ton rogue : «Je vais en référer à mes chefs !» Le lendemain, Bader fait le tour des possibilités de l'hôpital de Saint-Omer. Il repère que, du deuxième étage, avec une corde, il pourrait s'enfuir la nuit. Les Allemands ne ferment pas la grille de l'hôpital. De toute façon, tous les pilotes qui sont là, Anglais, Américains, Polonais, sont des grands blessés immobilisés. Quant à Bader, comment pourrait-il fuir, avec une seule jambe artificielle ? Mais le surlendemain, les Allemands lui rapportent l'autre jambe. Hélas ! les attaches de cuir sont brisées. Et surtout le pied, encore muni de la chaussure, pend lamentablement, uniquement retenu par la chaussette. Bader contemple les débris et demande gentiment à l'officier d?intendance : «Vous ne pourriez pas me la réparer ? ? Je vais en référer...» L'officier a déjà tourné les talons, quand Bader ajoute : «Merci beaucoup... Et pendant que vous y êtes, vous ne pourriez pas en référer pour qu'on nous donne autre chose à manger que de la soupe de pommes de terre à l'eau ?» (à suivre...)