Résumé de la 3e partie Sous les yeux ébahis des Allemands, Bader grimpe tout seul dans le Masserschmitt malgré ses jambes artificielles. Il appelle l'officier d'intendance, celui qu'il martyrise, depuis le début, par sa désinvolture. «Dites-moi ? On ne pourrait pas me rendre au moins mon pantalon ? Si vous croyez que c'est drôle, quand je vais aux toilettes ! Avec mes jambes artificielles qui dépassent de ma chemise de nuit ! J'ai l'air de quoi ? Tout le monde me regarde avec des yeux ronds ! Oui ! Je sais ! Vous allez en référer ! Eh bien référez, mon vieux, référez !» Une demi-heure plus tard, l'infirmière rapporte la tenue complète de Bader. On l'a repassée et on a même recousu le pantalon qui s'était déchiré pendant la chute de l'avion ! Reste la corde... La salle des blessés est au deuxième étage. Avec trois draps ça ira ! Bader emprunte leurs draps du dessous aux autres pilotes blessés. Il tire lui-même, par petites secousses celui qui est sous le sergent de la RAF encore anesthésié, en s'excusant mentalement. Il cache les trois draps dans un coin sombre, avant que le soldat de garde ne vienne, comme chaque soir, jeter un coup d'?il dans la salle. A peine le soldat sorti, Bader noue les trois draps, attache un bout à l'appui de la fenêtre et commence à descendre. Il ne peut pas se tenir aux draps en les serrant avec les jambes comme un homme normal. Ses deux jambes d'acier, lourdes, pendent comme des poids morts raclent le mur et tirent sur ses bras ! Et descendre à la force des bras quand on a des côtes brisées, c'est un calvaire ! Enfin, Bader arrive en bas. Minuit a sonné. Il avance ses jambes artificielles, l'une devant l'autre, avec des précautions infinies, car elles résonnent sur le pavé. Pas question de marcher sur la pointe des pieds. Il parvient à la grille. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle est ouverte. Les Allemands sont à cent lieues d'imaginer qu'un cul-de-jatte puisse s'évader ! Quant aux autres, ils sont cloués sur leur lit, tous blessés. Bader aperçoit, dans un recoin de la rue en face, le rougeoiement d'une cigarette. Il s'approche. «Douglas Bader ? ?C'est moi !» Les deux hommes se hâtent de s'éloigner de l'hôpital. Ils se hâtent lentement, toujours à cause des jambes artificielles de Douglas, qui lui interdisent de courir et qui résonnent sur les pavés de Saint-Omer ! Enfin, ils sortent de la ville sans avoir croisé de patrouille. Un sentier, une porte, un jardin. Un couple de vieillards français l'embrasse sur les deux joues. Ce sont les parents de l'homme à la cigarette, M. et Mme Hiecque. «Demain soir, dit le vieux retraité qui, bien entendu, a fait ??quatorze??, mon gendre viendra vous chercher pour vous emmener ailleurs ! Il ne faut pas rester à Saint-Omer !» Le lendemain, la ville est sens dessus dessous. D'abord parce que les Allemands, fous de rage et abominablement vexés, fouillent partout ! Ensuite parce qu'à midi, une vague d'avions anglais arrive et bombarde le terrain. Ce que ne peut pas savoir Bader, c'est que le dernier de la vague, une fois la dernière bombe lâchée, largue un parachute soutenant un container : c'est une belle jambe artificielle toute neuve qui descend se poser mollement sur le terrain d'aviation dévasté ! Cela décuple la rage des Allemands ! Ils quadrillent la ville, banlieue comprise et passent toutes les maisons au peigne fin ! (à suivre...)