Résumé de la 2e partie Le Spitfire s?écrase. Le commandant Bader s?éjecte, perd connaissance et se réveille à l?hôpital. Cette fois, l'officier allemand écume de rage. Le lendemain, il revient, rigide, claque des talons et annonce : «Voici votre jambe réparée ! Demain, vous partez pour l'Allemagne ! Mais auparavant, le colonel Galland veut vous voir !» Le colonel Galland, dont le nom français vient d?un émigré protestant, est un as de l'aviation allemande. Entre pilotes, on tient le même langage. Il reçoit Bader au mess des officiers de la base de Saint-Omer et lui fait visiter le terrain. Des chasseurs Messerschmitt sont là, bien alignés. Bader lorgne le premier de la file... «A propos, dit le colonel Galland, vous savez que nous avons contacté la RAF sur une longueur d'ondes internationale ? Ils acceptent de vous livrer une jambe neuve ! Et nous acceptons qu'ils la parachutent, à condition que le pilote soit seul et suive un cap convenu ! ?Vous ne connaissez pas les Anglais, colonel, répond Bader. Ils vont la parachuter avec des bombes ! ? Vous croyez ? Eh bien, nous les recevrons ! Nous serions obligés de ?descendre? votre jambe une deuxième fois... ? Ce serait dommage... En attendant, est-ce que je pourrais visiter un Messerschmitt 109 ? Depuis le temps que j'en ?descends?... ? Pourquoi pas ? Ce n'est pas le Spitfire, mais ce n'est pas mal non plus !» Sous les yeux des Allemands ébahis de la performance, Bader grimpe tout seul dans le Messerschmitt, s'assoit sur le bord du cockpit, soulève une jambe artificielle d'une main, bascule en arrière, ramène l'autre jambe et se retrouve aux commandes du chasseur allemand. Et là, il se dit : «Je lance le moteur, je fonce et je décolle !» Il hésite un instant, sous l'?il amusé de Galland. Et puis il pense : «Le moteur sera froid, je ne pourrai pas démarrer du premier coup.» A haute voix, il demande : «Je ne pourrais pas faire un petit tour avec ?» Le soldat-interprète a le visage hilare en traduisant, bien que figé au garde-à-vous devant son colonel ! Galland répond : «Je serais obligé de décoller à sa poursuite ! ? Pourquoi pas ? répond Bader. Ça serait amusant ! Pour une fois, on serait à égalité avec le même avion ! Le colonel Galland, décidément amusé, fait répondre : «Désolé, je ne suis pas de service...» Et Bader est ramené à l'hôpital de Saint-Omer, la veille de son départ pour l'Allemagne. Heureusement pour lui, il n'a pas essayé de lancer le moteur du Messerschmitt ! Ce n'est qu'après la guerre qu'il comprendra, quand les Allemands lui enverront la photographie de la scène... Mais pour l'instant, ramené à I?hôpital, il se dit que s'il ne s'évade pas cette fois-ci, il en a jusqu'à la fin de la guerre? Or, on est au mois d'août 1941 et on n'en voit pas la fin ! Les autres pilotes sont tous immobilisés. Le dernier, un sergent de la RAF abattu la veille, vient d?être amputé d'un bras. Il est encore anesthésié. Une seule chance : les infirmières françaises ! L'une d?elles, Lucile, est prête à aider Bader. Elle a déjà parlé de lui à l?extérieur. Elle lui glisse un mot dans son lit : «Mon fils attendra devant la grande grille de l'hôpital ce soir, de minuit à deux heures du matin. Il fumera une cigarette. Nous serons fiers d'aider un célèbre pilote anglais.» Bader se dit : «Cette nuit ou jamais ! Mais il me faut deux choses. Des vêtements, d'abord : je ne peux pas m'évader en chemise... Ensuite, une corde.» Il appelle l?officier d?intendance, celui qu?il martyrise depuis le début par sa désinvolture. «Dites-moi, on ne pourrait pas me rendre au moins mon pantalon ? Si vous croyez que c?est drôle, quand je vais aux toilettes, avec mes jambes artificielles qui dépassent de ma chemise de nuit ! J?ai l?air de quoi ? Tout le monde me regarde avec des yeux ronds ! Oui, je sais ! Vous allez en référer !» Une demi-heure plus tard, l?infirmière rapporte la tenue complète de Bader. On l?a repassée et on a même recousu le pantalon, qui s?était déchiré pendant la chute de l?avion ! Reste la corde? La salle des blessés est au deuxième étage. Avec trois draps, ça ira ! Bader emprunte leurs draps du dessous aux autres pilotes blessés. Il tire lui-même, par petites secousses, celui qui est sous le sergent de la RAF encore anesthésié, en s?excusant mentalement. Il cache les trois draps dans un coin sombre, avant que le soldat de garde vienne, comme chaque soir, jeter un coup d??il dans la salle. (à suivre...)