Cherchell, la ville de Juba II, de ses ancêtres rois numides Micipsa, Massinissa, est sauvagement massacrée. Tipasa, la ville romaine, les quelques ruines qui témoignent de l?Icosium découvertes depuis cinq ans en face de la mosquée d?Ali Betchine, à Alger, la romaine de Tigzirt, bâtie en casernement par les Romains en l?an 147, le village antique de Taksebt, ? ainsi que de nombreux autres sites, à travers le territoire national, se meurent aujourd?hui dans l?indifférence. Pourtant, ni la nature ni les siècles écoulés n?avaient osé ravager ces merveilles historiques. Sur les maisons, les palais des rois audacieux et fous, qui ont enfanté des civilisations et qui ont fait l?histoire, sur les tombes portant des inscriptions en latin, en arabe, en berbère et parfois en hébreu, sur celles silencieuses où sommeillent tranquillement des hommes d?autres époques, s?érige l?Algérie d?aujourd?hui, fière et contemporaine. Arrogante et effrontée. Pourtant, chaque mur élevé est sans étude préalable une atteinte au patrimoine national, aujourd?hui en péril. Dans quelques années, nous n?aurons plus d?histoire, plus de racines, plus de repères. Nous ne pourrons même plus nous identifier, nous reconnaître et savoir d?où nous venons. Notre histoire risque de s?effacer. Que nous reste-t-il, lorsque nos enfants grandissent en piétinant l?histoire ? Lorsque le béton, dans son avancée dévastatrice, nous gomme, sans que personne bouge pour arrêter ce massacre.