Renvoyer quelqu'un, le chasser se dit, en algérien «classique», terred. Terduh men Ikhudma (il a été renvoyé du travail), c'est-à-dire qu?il a été licencié ; terduh men l?mçid (il a été exclu de l'école), terduh men ddaru (il a été chassé de chez lui, il a été expulsé). Un autre verbe, également très utilisé, est kherredj, littéralement «faire sortir» qui recouvre exactement les mêmes emplois que terred. Le berbère a un terme identique, ssufegh, littéralement «faire sortir» avec les mêmes acceptions. Les champs sémantiques recouverts par ces verbes sont vastes, mais n'allez pas croire que ce sont les seuls verbes qui expriment ces idées. D'un registre plus familier, parfois ressenti comme vulgaire, est le verbe za?âk, de za'âka, littéralement «queue» : renvoyer, c'est mettre? à la queue du peloton, c'est aussi déconsidérer puisque la queue à laquelle on pense est celle du chien ! Le verbe 'êffat a quelque chose de violent et il l'est effectivement : il signifie littéralement reconduire, mettre à la porte manu militari. D'ailleurs, on l'emploie, pour signifier le renvoi, sous forme d'interjection : a'êfat ! (va-t-en, sors d'ici, ouste !). En parlant d'interjection, on peut en citer toute une liste : ruh' (pars), barra (dehors), zid fih (ne traîne pas), digaj ! du français «dégage»... Il y a, bien sûr, le trivial fulkan, du français f? le c..., mais dont on ignore, heureusement, l'étymologie. On entend même, emprunté à l'allemand, sans doute par les films de guerre, raus ! Bien sûr, on peut, en chassant quelqu'un, se montrer poli : tendjem truh' (tu peux partir), ma tfahemnach (on ne s'est pas compris) mais rien ne change à l'affaire puisque, quelle que soit la formule choisie, on est? mis à la porte ! Les jeunes, eux, qui ont l'esprit inventif, ont inventé une expression originale : ermilu lma (jette-lui de l'eau), peut-être parce que les mères, quand leurs époux ou leurs enfants partent en voyage, ont l?habitude de leur jeter de l'eau pour leur faciliter les choses...