C'est le verbe el'âb, au propre «jouer» qui rend l'idée de «tromper, jouer un tour»: el'âbha-li (il m'a joué un tour, il m'a eu, littéralement il me l'a jouée), laâbuha-lu (on lui a joué un tour, littéralement on la lui a jouée). On ne sait pas à quoi équivaut ce pronom «la», mais on suppose qu'il s'agit du tour (en arabe lâ'ba, mot féminin). Le nom tiré du verbe est la?ba (jeu), avec donc le sens secondaire de «tour, man?uvre». ll existe, avec ce sens, une expression : la?âbet lghula (le jeu de l'ogresse) qui signifie «tour de pendable». L'ogresse, comme chacun sait, est un personnage perfide et cruel, expert en combines pour attirer ses victimes. Le berbère emploie le même verbe, el'âb, dans le même sens ; il emploie également un terme propre, urar, au propre «jouer», au figuré «jouer un tour». Pour dire encore «jouer un tour», on utilise le verbe a'êfes, au propre «écraser, piétiner» : a'êfasha-li (littéralement il me l'a écrasée, il m'a joué un tour, il m'a eu). Mais le nom qu'on en tire, ?âfsa, ne signifie pas «tour» mais «bonne idée, bon travail», avec aussi l'emploi d'une interjection signifiant «génial, merveilleux». «Wallah ghir 'afsa !» (par Dieu, c'est une bonne idée ! Par Dieu, c'est bien trouvé ! C'est une combine) etc. Dans le langage des jeunes, le mot 'afsa a pris le sens de «chose, truc, machin» : ?âbaz a'la l'âfsa (appuie sur le machin), a'tili hadik l'afsa (donne-moi ce machin)? On emploie, aussi bien en arabe qu'en berbère, le verbe kellah' avec le sens de «berner». Ba?ulutumubil keelh?uh ! (on lui a vendu une voiture mal en point , on l'a berné). Dernier terme courant, avec le sens de «jouer un tour» : derreh'. Il existe bien un verbe, darah'a en arabe classique, mais avec le sens d'«éloigner, chasser» ; il semble donc qu'il s'agisse d'une «formation» algérienne. Le verbe a fourni un adjectif : mdarreh (qui se fait berner, qui se fait avoir et pour un objet, contrefait, faux).