Echo de plumes est une rencontre animée par le poète Abderazak Boukeba. « L'idée d'écrire cette pièce m'est venue après avoir appris qu'une loi vient d'être adoptée pour protéger les espèces animales et végétales en voie d'extinction en Algérie », a précisé l'auteur. Par curiosité, Ahmed Ben Allam a fait des recherches qui remontent jusqu'aux guerres du général carthaginois Hannibal contre Rome. Hannibal avait utilisé des éléphants dans ses attaques. Il a rappelé que sur les terres algériennes vivaient le lion de l'Atlas, l'autruche et le crocodile, des animaux disparus au fil du temps. « Quand les colons sont arrivés, ils avaient fait la chasse aux lions. J'ai imaginé une dramaturgie dans laquelle le personnage principal est la nature elle-même. Une nature qui nous fait des cadeaux et que nous détruisons. Un jour ou l'autre, elle va se venger. Regardez ce qui s'est passé à Bab El Oued et Ghardaïa », a-t-il appuyé confirmant que son texte peut s'inscrire dans une démarche écologique. Cette thématique est absente dans la création théâtrale en Algérie. « Je veux attirer l'attention. Il faut qu'on change notre comportement vis-à-vis de la nature », a-t-il dit. La trame de la pièce est simple : une cellule de crise est installée pour recenser les espèces en voie d'extinction comme le fennec, l'aigle et le lapin. Dans la cellule, siègent un robot humanoïde et un chat qui a subi une mutation génétique. « Ayant acquis de l'intelligence, ce chat va s'allier au robot pour mener le monde. De la science-fiction, mais c'est manière de dire que si nous continuons sur cette voie, voilà ce qui risque d'arriver dans cent ou deux cents ans », a noté l'auteur. Mais pourquoi le chat ? « C'est l'animal le plus proche de l'homme, connu pour son indépendance », a précisé l'auteur. « Les chats n'ont jamais été des conquérants. Ils ont toujours vécu avec vous dans les maisons ! », est-il écrit dans la pièce. Amir Frik et Mourad Djeram, jeunes comédiens et étudiants à l'Institut des arts dramatiques de Bordj El Kiffan, ont sommairement exécuté deux scènes de la pièce, traduite à l'arabe par Habib Boukhlifa, usant d'un micro défaillant (un travail sérieux doit être mené sur la sonorisation au TNA). « A chaque fois que nous recevons un nouveau texte, nous le donnons aux étudiants de l'institut de Bordj El Kiffan pour jouer quelques scènes, manière de rendre concret un écrit qui vient de naître », a indiqué Abderazak Boukeba. Les deux comédiens jouent le rôle de chercheurs en plein désert, à 800 km d'Alger. Le langage utilisé, à mi-chemin entre l'arabe classique et l'arabe parlé, a suscité des remarques des présents. « Il y a peut-être des recherches à faire encore pour rétablir certaines nuances dans la traduction », a estimé Ahmed Ben Allam. Le débat n'a pas été tranché sur la nature du texte. De l'absurde ? Du réalisme ? Cela dit, l'auteur a fait référence à l'Italien Luigi Pirandelo et au Franco-Roumain Eugène Ionesco soulignant qu'il y a de « la politique » dans tout travail artistique. Et il a parlé d'Al Djahidh, de La Fontaine et d'Ibnou Al Mouqafaâ qui avaient en commun d'avoir donné la parole aux animaux dans leurs œuvres pour mettre à nu les travers de l'humain. Il a souhaité que des comédiens tels que Omar Guendouz mais également de jeunes talents interprètent sa pièce. Ahmed Ben Allam, 58 ans, est également auteur du roman L'Animal qui dort en moi. L'Echo de plumes accueillera bientôt le jeune dramaturge Abderazak Habbaz autour de son premier texte, Souk Okkadh. Le fameux souk de La Mecque (Arabie Saoudite) qui était un espace ouvert dédié à la poésie.