Au milieu des années 1990, Pékin a vu d'un très mauvais ?il l'offensive de charme lancée par Washington et les stratèges du Pentagone sur la jeune démocratie mongole. Le pays occupe une position de surveillance cruciale au nord de la Chine et pourrait venir compléter un nouvel arc stratégique américain qui va du Moyen-Orient pétrolier à l'Afghanistan et à l'Asie centrale, jusqu'à la Corée et au Japon. La Chine y a répondu en faisant à son tour des yeux de velours aux Mongols, qui tenaient lieu jusqu'ici d'ennemi héréditaire. Fait rare dans la région, elle a ouvert sa frontière, libérant la voie à des milliers d'émules de Shang le briquetier, avec un sens des affaires bien plus aiguisé que les Mongols. Elle a surtout promis l'an dernier 300 millions de dollars d'assistance économique bilatérale à taux concessionnel, soit l'équivalent du quart du PNB du pays. Cette aide doit être finalisée le mois prochain, lors de la visite du président Natsagiyin Bagabandi dans la capitale chinoise. Oulan-Bator est sans le sou. Magnanimement, Pékin saura trouver les moyens de la sauver, avec à la clef aussi une solide aide alimentaire.