Résumé de la 3e partie L?avion décolle avec Armando seulement car Jorge n?a pas pu grimper dans le train d?atterrissage. Armando se recroqueville encore une fois, se disant : «Heureusement que j'ai gardé mon bras autour de cette barre et ma jambe coincée entre ces canalisations !» Et c'est le noir complet, à nouveau. Le pilote a verrouillé définitivement le train en position haute. Armando se demande vaguement pourquoi il l'a ressorti, puisque ce n'était pas pour se reposer sur l'aérodrome. Il entreprend d'assurer la corde autour de sa taille en la fixant à la tuyauterie, à tâtons. Cela fait, il pense à ses parents, à son père qui est plombier à La Havane et qui va se demander ce qu'il est devenu. S'il sort vivant de cette aventure, il tâchera de lui faire parvenir des nouvelles. Il pense aussi à ses quatre frères et s?urs auxquels il n'a rien dit de son projet, certain qu'ils voudraient l?en dissuader et le diraient aux parents. Enfin, il revoit Maria Esther avec qui il se promenait sur la plage, la veille encore. A elle non plus, il n'a rien dit. Pourtant, il en est amoureux comme on peut l'être à dix-sept ans... La reverra-t-il jamais ? Toutes ces pensées, tous ces visages laissés à Cuba s'imposent à l'imagination de l'adolescent pendant une ou deux minutes. Puis il commence à sentir que la chaleur des pneus qui réchauffait son réduit diminue rapidement. Dans sa chemise légère et son pantalon trempés de pluie, il sent la température baisser. Un peu plus tard, il frissonne. Le froid devient de plus en plus intense. Il a aussi l'impression atroce de respirer de plus en plus faiblement. Au bout d'un moment qui lui paraît très long ? mais qui n'a pas dû, selon les experts, excéder une dizaine de minutes ? Armando perd conscience. Sa dernière sensation est un terrible mal de tête et sa dernière vision celle de son vélo sous la pluie, abandonné contre la clôture grillagée de l'aéroport... Huit heures et vingt minutes plus tard, le soleil levant sur les côtes du Portugal fait miroiter la mer, et le DC 8 aux couleurs d'Ibéria étire quatre traînées floconneuses au-dessus de la péninsule. Le soleil est déjà haut, ce matin du juin 1969, à huit heures, et pénètre par les hublots dans la cabine des passagers quand l'hôtesse annonce : «Votre attention s'il vous plaît... Nous allons commencer notre descente vers Madrid. Veuillez attacher vos ceintures et ne plus fumer. Nous espérons que vous aurez fait un agréable voyage et souhaitons vous revoir bientôt sur les lignes de la compagnie Ibéria.» Le commandant Valentin Vara del Rey sort le train d'atterrissage au-dessus de Tolède. Le paysage est magnifique dans le jour naissant. Sous l'avion, le choc des roues dans le vent et la turbulence de l'air s'engouffrant dans les logements du train d'atterrissage provoquent la secousse et le ralentissement habituels. Le terrain se rapproche. En fin de procédure finale, au moment de se poser, le DC 8 n'est plus qu'à 225 kilomètres/heure. C'est à cette vitesse que les gros pneus immobiles se mettent brutalement à rouler en touchant le sol. Le contact provoque une secousse, un crissement et de la fumée, puis une deuxième secousse. Comme il arrive souvent, l'appareil a un petit rebond. Cela dépend du vent et de l'habileté du pilote. Il arrive aussi qu'il n'y ait pas la moindre secousse et qu'un quadrimoteur commence à rouler comme s'il volait encore, sans qu'on sente le moment où il a touché... Ce n'est pas le cas cette fois-ci. (à suivre...)