Mutation L?ère de l?irresponsabilité, de l?insensibilité à l?environnement est-elle révolue ? L?espoir est peut-être permis. La décision a été prise par le ministère de l?Environnement, en collaboration avec les responsables de la Société de gestion des participations Industrie du ciment, d?arrêter, temporairement, les activités de la cimenterie de Meftah. Cet arrêt programmé depuis quelques jours est devenu effectif le 4 juillet dernier à la suite de la mobilisation des habitants à travers leurs associations locales de protection de l?environnement qui ont donné l?alerte à la suite d?un pic de pollution. C?est ce qui ressort d?une conférence de presse animée, hier, au siège du ministère de l?Aménagement du territoire et de l?Environnement par le ministre du secteur, Chérif Rahmani, et le P-DG de la SGP Industrie du ciment en présence des directeurs de l?environnement. Dans une courte intervention, M. Rahmani a indiqué qu?«après une évaluation écologique de la situation, il a été décidé : le gel des activités de cette entreprise, l?appel à des experts pour faire le diagnostic de la situation et la divulgation à l?opinion publique de toutes les informations relatives à cette affaire». En outre, dans un communiqué à la presse, il est mentionné : «A la suite des contrôles effectués par ses services, il a été constaté qu?un certain nombre de valeurs limites (seuil critique ou pics de pollution) liées aux émanations de poussière générées par la cimenterie de Meftah, dépasse les normes admises en la matière et appelle des mesures de redressement.» Le document, qui vise à rassurer les populations de la localité, précise aussi qu?«un dispositif de dépollution a été mis en place afin de mettre à niveau la cimenterie de Meftah, notamment au plan environnemental et ce conformément aux standards écologiques». Ainsi, il est annoncé qu?«un budget de 850 millions de dinars a été mobilisé afin d?améliorer le système des électrofiltres et réduire substantiellement, les émanations et ce, dans le même esprit que les actions engagées au profit des cimenteries de Raïs Hamidou et de Sour El-Ghozlane où les contrôles effectués se sont avérés positifs.» Enfin, Chérif Rahmani a clamé, dans son allocution : «On sort de l?ère de l?irresponsabilité et de l?insensibilité aux problèmes de l?environnement et une dynamique de coups d?arrêt aux abus dans ce domaine est enclenchée.» Pour sa part, le président de la SGP Industrie du ciment a fait une évaluation exhaustive de l?état des lieux des cimenteries du pays en matière d?environnement. Ainsi, on apprendra que les 12 unités industrielles du secteur produisent pas moins de 5 millions de tonnes de ciment par an, emploient près de 11 000 salariés et constituent une industrie de base pour le secteur de l?habitat et des infrastructures de base et autres ouvrages. Indiquant que son «secteur a déjà signé pas moins de 5 conventions environnementales dans le cadre de la mécanique de mise à niveau et consenti d?importants efforts financiers en la matière», le responsable de cette SGP a particulièrement insisté sur la prochaine arrivée d?experts étrangers qui effectueront une rapide «finalisation du diagnostic de la situation». En tout cas, tout en précisant qu?«on ne peut pas annoncer dès après le délai de fermeture de cette cimenterie qui réalise le 1/12e de la production nationale, soit 1 million de tonnes/an ou 3 000 t/jour», le président de cette SGP s?est dit «certain que le problème des émanations de poussières polluantes va être définitivement réglé». Le mot de la fin est revenu à Chérif Rahmani qui a annoncé ce qu?il a appelé «une fiscalité écologique» à partir de 2005 ? c?est-à-dire que toute entreprise qui dépassera les normes environnementales sera taxée ? et le démarrage, dans les tout prochains jours, d?une campagne de sensibilisation sur l?amiante et ses dangers en Algérie.