Avec ces vendeurs qui ont bercé l?enfance d?un grand nombre d?Algériens, il est possible de s?approvisionner à moindres frais mais aussi, souvent, dans la bonne humeur et la convivialité. D?emblée, vacarme et odeurs particulières agressent oreilles et narines. Une animation fébrile et permanente caractérise les lieux, en particulier en fin de semaine où les bousculades sont plus accentuées. Les étals dévoilent leurs richesses : fruits, légumes, vêtements et meubles. Les clients guettent les meilleures occasions qui ne manqueront pas de se présenter chez ces marchands ambulants dont le nombre est évalué à une soixantaine. Entre le soleil de l?été et l?ombre rafraîchissante des quelques habitations récemment construites, de nombreux vendeurs, issus du monde agricole, viennent écouler leur production. Ici, un marchand d?huile d?olive passe avec un couffin plein de bouteilles et propose sa marchandise à un prix défiant toute concurrence : 190 DA le litre. Là, un marchand de tapis annonce son passage en entonnant une certaine mélodie, en répétant le même refrain. De l?autre côté, un homme d?un âge certain poussant une charrette chargée de poisson se fraye bruyamment un passage à travers la foule. En somme, une ambiance vivante, gaie et colorée. Dans ce bazar à ciel ouvert sans grande évolution depuis quelques années, ces marchands ont toujours un peu de succès auprès de la population résidant à proximité. Les habitués de ce marché cherchent à la fois la convivialité et le bon prix, et ils les trouvent. En effet, en dépit de leur analphabétisme, dans leur majorité, les commerçants ambulants jouent parfaitement la persévérance et la stratégie du marketing. «Un bon produit, un bon vendeur, une bonne humeur ne font que satisfaire le client», fait remarquer l?un d?eux. Pourtant, malgré cette bonne relation entre clients et vendeurs, ces derniers ont bien vécu quelques déboires : «Il nous est souvent arrivé d?être volés par les clients», se plaint un marchand. Par ailleurs, l?organisation et l?hygiène font défaut dans ce décor naturel, dont l?étendue commerciale se déploie sur une superficie de près de 5 ha et est limitrophe de plusieurs terrains agricoles appartenant à des particuliers. Cependant, les marchands ne sont pas pour autant soucieux de cet état de fait, ils étalent leurs marchandises hétérogènes à même le sol ou sur de petites charrettes, pour la plupart, rongées par la rouille. A signaler que la variété des accents des marchands laisse supposer que ces derniers arrivent de plusieurs régions du pays.