Découverte Pour Hamza et Abdelwahab, la mer est une aventure quotidienne, particulièrement depuis la fin de l?année scolaire. D?abord, ils font la collecte d?argent auprès de leur famille : les frères et s?urs, les parents et même les voisins. Nul n?y échappe, chacun apporte sa contribution, selon ses moyens. Les deux enfants qui habitent à Haouch El-Makhfi doivent au moins amasser 80 DA pour s?assurer les frais de transport, aller et retour. Leur mère leur prépare ensuite leurs sandwiches, une serviette sur le dos et l?aventure commence. Une fois à la plage d?El-Kaddous, les deux amis vont d?emblée à la salle de baby-foot que loue un voisin. Une sorte de baraque en plein air. Ils se mêlent aux jeunes qui s?y trouvent déjà et s?adonnent à ce jeu qui les passionne à 13 ans. Souvent, lorsqu?ils n?ont pas assez d?argent, ils s?allient aux autres joueurs, tentent de se trouver des partenaires qui, en échange de leurs compétences, leur proposent de partager une ou deux parties avec eux comme coéquipiers. Et ça marche la plupart du temps ! Une ruse candide qui leur permet d?économiser de l?argent et de jouer autant de fois et gratuitement. «Une seule partie revient à 5 DA, il nous arrive de venir sans le sou. Déjà que le transport coûte cher», lâche Hamza. «Lorsque nous habitions à El-Harrach, je jouais fréquemment avec les copains au baby-foot. Le foot est une passion, j?ai adhéré même à plusieurs équipes de quartier. J?étais très sollicité, ce qui n?est pas le cas à Aïn Taya, car il n?y a pas d?équipe», confie tristement Abdelwahab. Son regard est emporté dans un tourbillon de souvenirs. Le quartier populaire d?El-Harrach, qui a bercé son enfance et qu?il a dû abandonner après le séisme, car leur maison a été sérieusement endommagée, lui manque terriblement. Il affirme qu?il a du mal à s?adapter à son nouveau quartier vide et silencieux. Pourtant, Abdelwahab est un véritable champion, il manipule avec agilité et une rapidité inégalée les poignets du baby-foot. Il ne se laisse pas faire et s?adonne à ce jeu avec la passion et la rage de vaincre? des grands. Après une journée partagée entre la nage, le foot, quelquefois au beach-ball, lorsque certains estivants veulent bien leur céder leurs raquettes, les deux enfants reprennent le chemin de la maison. Il est 17h, alors que certains estivants viennent à peine de débarquer. Sur la route, les deux gamins pensent déjà au lendemain : comment vont-ils se procurer de l?argent pour revivre l?aventure ?