Résumé de la 2e partie Au début du XXe siècle, dans les Aurès aussi, des lions faisaient leur apparition? En Kabylie également, on pense que les lions n'ont pas disparu au XIXe siècle. Comme dans les Aurès, les récits fourmillent de villages attaqués par les fauves, notamment en hiver. Les bêtes, chassées par la faim et le froid, quittaient la montagne. Elles s'en prenaient alors aux animaux domestiques ou aux personnes qu'elles surprenaient à l'orée des bois. On parle aussi de bandes de lions qui faisaient des incursions dans les villages. On tenait de grands feux allumés et surtout, on gardait à côté de soi les fusils chargés. Comme toutes les bêtes sauvages, les lions redoutaient les coups de feu. On pense, en effet, que c'est la prolifération des armes à feu qui a précipité la régression, voire la disparition de ces animaux des montagnes et des forêts. Dans les années 1920, on cite l?exemple de nombreux villageois qui ont rencontré des fauves. Le lion, croyait-on, avait ce pouvoir magique d'entraîner ses proies dans la montagne, jusque dans son antre, pour les dévorer... Un homme, préparant l'hiver, fagotait dans les bois, en compagnie de son jeune fils ; ils avaient chargé leur âne et s'apprêtaient à rentrer, quand un gigantesque lion surgit devant eux. L'homme fit tournoyer sa hache, menaçant la bête. Celle-ci recula mais elle eut le temps de le frôler de sa queue. «Père ! cria le jeune garçon, attention !» Mais il était trop tard : l'homme était déjà sous l'effet du fauve. Il poussa son âne devant lui et se mit à le suivre. «Père, reviens ! Reviens ! Le lion va te dévorer et dévorer l'âne !» L'homme, ne l'entendant pas, se mit à suivre la bête qui l'entraînait dans son antre. Le jeune garçon avait peur, mais il ne voulait pas laisser son père aller tout seul avec le lion. Il le suivit, criant et pleurant : «Père, reviens ! reviens !» Peine perdue... Et s'il continuait à le suivre, le lion, après avoir dévoré son père et son âne, allait inéluctablement se retourner vers lui ! C'est alors que ses cris attirèrent un chasseur qui rentrait chez lui. «Que se passe-t-il petit ? demanda-t-il au jeune garçon. ? C'est mon père, dit le petit en pleurant. Un lion vient de le frôler de sa queue et il l'entraîne vers son antre pour le dévorer !» Il aperçut l'homme qui avançait, poussant son âne devant lui, l'air endormi ou drogué. Au loin, il y avait, en effet, un lion qui semblait ouvrir la route. De temps à autre, il se retournait comme pour s'assurer que ses proies le suivaient. Le chasseur épaula alors son fusil et tira en l'air. Le lion disparut aussitôt dans les bois et l'homme se réveilla de sa léthargie. «Où suis-je ? demanda-t-il. Qu'est-ce que je fais ici ?» Son fils et le chasseur lui racontèrent alors ce qui s?était passé. Le coup de feu avait eu pour effet de briser le sortilège. L'homme s'en sortit avec une grosse peur. D'autres, avant lui, n'avaient pas eu cette chance... Les lions finissent par disparaître, mais qui sait ? Il en est peut-être encore quelques-uns sur les sommets les plus élevés?