Constat La cinémathèque algérienne abrite jusqu?au 7 août la projection de Rachida, un film écrit et réalisé par Yamina Chouikh, et qui a décroché de nombreux prix dans les différents festivals cinématographiques internationaux. Le film a eu du succès, et ce succès, la cinéaste le doit à son personnage, Rachida, qui raconte l?Algérie des années 1990. Le film dépeint ainsi le personnage de Rachida, une jeune fille qui manifeste ouvertement son refus de l?inculture et son combat quotidien contre l?obscurantisme qui, durant plusieurs années, ont plongé l?Algérie dans un bain de sang. Le film est un regard porté sur la société civile algérienne, un regard qui, cependant, reste réducteur, simpliste, parce qu?il ne reproduit pas fidèlement le vécu tel qu?il est dans la réalité. Le film s?avère une reproduction de scènes créées par l?imaginaire collectif, des images stéréotypées conçues par un sentiment subjectif. D?ailleurs, la cinéaste a fortement mis l?accent sur l?émotion afin d?accaparer la sensibilité du public, donc porter son intérêt sur son produit cinématographique. Si l?on est attentif aux scènes qui, les unes après les autres, se défilent devant nos yeux, l?on se rend aussitôt compte que le film est une succession d?images, voire de scènes qui n?ayant, les uns avec les autres, aucune relation cohérente ; il s?agit d?une série de scènes indépendantes les unes des autres. La cinéaste s?est seulement contentée de prises de vues pour faire son film, un film qui, par définition, manque de stature, de caractère, de personnalité et de consistance. Le dialogue est creux : aucun esprit intellectuel ne régit les rapports des personnages, ou encore n?anime leur comportement. Par ailleurs, les personnages n?ont pas de psychologie, ils sont vides de substance notionnelle. Rien ne laisse croire qu?il s?agit d?un scénario écrit et réfléchi. L?on a la drôle impression que les acteurs imaginent leur personnage, qu?ils se livrent à un jeu d?improvisation. En fait, il n?y a pas d?histoire qui rende réellement compte des faits. Ce qui ressort du film, ce sont les flashs, voire encore les scènes qu?on avait l?habitude d?imaginer après avoir lu dans la presse ou entendu dire sur les massacres collectifs. La cinéaste s?est livrée donc à un travail de reconstitution au lieu d?un travail de construction, de création. Toutes ces lacunes ont été camouflées par une forte et grande charge émotionnelle qui se dégage du film, d?une manière impressionnante, saisissante toutefois. Et si le film a eu autant de succès, c?est seulement parce qu?il a été réalisé par une femme etqu?il est le seul film à avoir traité le thème du terrorisme et ses retombées sur la société civile. malgré tout cela, peut-on réellement porter une critique négative sur un film produit en cette période de disette ? Rachida a au moins le mérite de faire revivre, ne serait-ce que pour quelques instants, un secteur depuis longtemps moribond.