Mutations Les changements que l?économie algérienne a connus ces dernières années se sont inévitablement répercutés sur la sphère commerciale du pays. Le passage sans transition et sans garde-fous du monopole de groupes étatiques à des groupes privés, souvent incontrôlables a fait que la fonction de contrôle des pratiques commerciales soit, inefficace, sinon peu convaincante, y compris au niveau du commerce de détail. D?ailleurs, l?inefficacité des opérations des différents dispositifs de contrôle commercial est souvent l?objet de la dérision populaire. Il est vrai qu?il y a quelque temps, les services centraux de contrôle économique ont osé parler à ce propos d?une «menace de l?équilibre socio-économique» de la collectivité nationale. Pourtant, même s?ils ne sont pas toujours qualifiés et pourvus de moyens matériels adéquats, ces services de contrôle de la pratique commerciale et de la fraude ont opéré de véritables opérations de descente chez des grossistes et des commerçants peu scrupuleux. Ainsi, en moyenne, chaque année, ces services effectuent pas moins de 500 000 interventions en tous genres et dressent près de 100 000 PV relatifs à des infractions aussi diverses que : la fermeture administrative de 5 000 à 6 000 locaux commerciaux, des saisies de marchandises de l?ordre de 20 milliards de centimes, des défauts de facturation se situant entre 3 et 4 milliards de centimes, le blocage aux frontières de quelque 30 000 tonnes de marchandises et l?analyse dans les laboratoires de pas moins de 10 000 échantillons de produits suspectés d?être non conformes aux règles d?hygiène. Comme on le voit, c?est un sombre tableau qui se dégage de ces chiffres effarants. Comment faire alors ? Selon les spécialistes du secteur, seules la dotation de ce dernier d?un arsenal juridique approprié, et notamment d?un nouveau Code du commerce, la redéfinition des missions des services de contrôle pour une adaptation au contexte de l?économie de marché et l?intégration dans des circuits légaux du commerce parallèle peuvent rendre à la pratique commerciale sa véritable acception. Toutefois, et toujours selon ces spécialistes, même avec ces réformes en profondeur, il n?est pas dit que les dérives des circuits commerciaux du pays seraient au-dessus de tout soupçon. Il faudrait des années pour changer le réflexe du gain facile et sans effort, désormais ancré dans l?esprit de beaucoup d?Algériens et pas seulement des commerçants et qui est le plus dangereux pour l?avenir du pays et de ses générations futures.