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L'économie algérienne : Une transition inachevée
Publié dans Le Financier le 15 - 02 - 2010

L'entrepreneuriat et le développement de l'entreprise restent encore trop sévèrement contraints par les dysfonctionnements liés à l'ouverture, dans un contexte de marché submergé par l'informel, où le système de distribution connaît des insuffisances lourdes.
Les travaux de restructuration du secteur public entrepris depuis le lancement des réformes économiques n'ont pas porté sur l'essentiel : constituer des entités viables et capables de synergie industrielle. Le passage à l'économie de marché devait se traduire par une remise en question de la restructuration organique de 1982. Malheureusement, les choses en sont restées au même état, les actions de restructuration réalisées ayant porté sur le portefeuille des sociétés-mères, non sur le périmètre des EPE. Rien n'a été fait pour reconstituer, par fusion, des entités capables de Synergie. Le mal est plus grand dans le secteur des BTPH où, à l'exception de Cosider, il n'existe pas d'entreprises d'importance nationale capables de se développer pour prétendre être un acteur crédible dans la réalisation des investissements publics. La répartition des EPE entre les différentes structures chargées de la gestion des participations de l'Etat a été faite de manière administrative, le critère de regroupement par secteurs homogènes d'activités étant la règle depuis 1995. Les logiques semblent répondre d'avantage au besoin de faciliter le travail administratif qu'à développer la compétitivité. L'autonomie des entreprises publiques- objectif fondamentale des réformes de 1998- a constamment régressé au fur et à mesure des lois régissant les EPE. D'une manière générale, d'aucuns estiment que dans le cas algérien, la transition économique se fait d'une manière désordonnée. Certains segments des réformes avancent très vite alors que d'autres suivent des rythmes très lents. Ainsi, dès 1990, la réforme monétaire a pu amorcer une mutation profonde et maîtriser aussi bien dans le mécanisme institutionnel que dans l'effectivité des opérations liées au marché monétaire. Par contre, le processus d'organisation et de régulation du marché financier connaît des lenteurs chroniques. Ce n'est pas tant le dispositif institutionnel qui a fait défaut ; une loi sur la bourse a été promulguée en 1993 et amendée en 2003. La même situation est observée dans le domaine des marchés des biens et services -où la concurrence saine ne joue pas de façon efficace- alors que la prise de conscience de l'importance de ces insuffisances a été matérialisée par une loi promulgué en 1995, amendée et complétée en 2003. En dépit des dispositifs institutionnels existants, l'économie algérienne n'a pas un fonctionnement concurrentiel. Même si en apparence, certains segments des marchés de biens et services paraissent caractérisés par la compétition entre les entreprises. Tous les analystes s'accordent à dire que le système économique algérien est caractérisé par un fonctionnement peu concurrentiel et une économie informelle en forte croissance. Aujourd'hui, estiment les économistes, «en Algérie, l'économie du marché est amputée de substance ; la concurrence saine et loyale». Le conseil de la concurrence ne fonctionne pas. Les administrations sectorielles concernées par l'application de contrôles des règles de concurrence ne sont pas préparées à cette mission. Il faut admettre que toutes les réformes et tous les efforts d'organisation entrepris depuis les quinze dernières années n'ont pas été suffisants pour nous permettre d'édifier un appareil de production apte à s'insérer de façon réussie dans l'économie mondiale. Cela n'a pas été suffisant pour empêcher l'afflux considérable de produits, souvent de contrefaçon, en provenance des marchés extérieurs, ni pour empêcher la fraude et les pratiques déloyales sur notre marché ; cela n'a pas arrêté l'érosion de notre tissu industriel et cela n'a pas permis à notre pays d'exporter autre chose que du pétrole et du gaz». Indéniablement, le contexte juridique national a connu des transformations profondes, mais les pouvoirs publics ont confondu dans le même mouvement d'intensification le processus de libéralisation de l'économie au plan interne et celui de l'ouverture extérieure, conduite sans préparation, sans précautions, sans garde-fous. C'est sans doute à ce niveau qu'il aurait fallu être prudent, car le succès des efforts entrepris pour consacrer dans les faits la libéralisation du commerce extérieur était tributaire de la réussite des programmes de restructuration et de mise à niveau de notre appareil de production et de notre système de distribution. Une autre priorité -tout aussi lancinante- est le traitement de l'économie informelle. Aucune des politiques publiques que les autorités comptent lancer ne pourra être déployée concrètement et efficacement tant que les différents marchés continueront de fonctionner de manière incohérente et incontrôlée, en dehors du cadre de la loi. L'économie informelle brasse des sommes colossales, met en œuvre de puissants réseaux et d'énormes moyens ; elle concerne, selon les dernières statistiques avancées par des sources crédibles, 40% de l'activité commerciale. Cette économie informelle est en train «d'aspirer» l'économie officielle à travers toutes les formes de concurrence déloyale qu'elle fait peser sur les activités déclarées et fiscalisées.

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