Le comédien et chanteur Serge Reggiani, mort dans la nuit de jeudi à vendredi à l'âge de 82 ans d'un arrêt cardiaque, était un des derniers grands interprètes de la chanson française classique. Ses chansons mythiques, empreintes d'émotion (Le Barbier de Belleville, Ma Liberté...), provoquaient toujours les mêmes frissons auprès du public. Né le 2 mai 1922 à Reggio d'Emilie (Italie), Serge Reggiani, réfugié en France avec sa famille à l'âge de 8 ans, entre au conservatoire, puis débute au théâtre en 1941 dans Le Loup garou de Vitrac. Il interprète ensuite Britannicus auprès de Jean Marais, puis joue dans Les Parents terribles de Cocteau, et dans Les Séquestrés d'Altona de Sartre. Très vite, le cinéma fait appel à ses qualités d'acteur. Son premier film, Le Voyageur de la Toussaint (Louis Daquin, 1942), est suivi notamment des Portes de la nuit (Marcel Carné, 1947), Les Amants de Vérone (André Cayatte), Manon (Georges Clouzot, 1948), La Ronde (Max Ophuls, 1950). Sa carrière est relancée avec Marie Octobre (Julien Duvivier, 1958), et il tourne une dizaines de films qui sont autant de succès. Entre-temps, Serge Reggiani rencontre Jacques Canetti, qui le pousse à chanter Boris Vian. En 1965, il entame une nouvelle carrière, aidée par la chanteuse Barbara, aujourd'hui disparue. Une autre passion l'habitait, la peinture, à laquelle il se consacrait depuis une dizaine d'années, comme amateur et comme mécène de jeunes artistes. Eprouvé par le suicide de son fils Stéphane en 1980 et par son alcoolisme, Reggiani était revenu sur scène pour fêter ses «70 balais», titre de l'un de ses derniers albums.