Bordj El-Kiffan Il détache d?abord la tête, ensuite il sectionne les deux jambes et le bras droit qu?il met dans un cabas. Le 3 octobre 2002, à Bordj El-Kiffan. Une jeune fille, Bachira, reçoit une courte lettre. elle est de Béjaïa et l?expéditrice porte le nom de Houria, sa propre s?ur. La femme révèle sans aucun détail son imminent départ pour l?étranger, avec un homme qu?elle avait rencontré depuis peu. Elle compte «refaire sa vie», affirme-t-elle. Ce contenu succinct et catégorique surprend énormément la jeune Bachira, car justement, il émane de sa s?ur que tout le monde sait mariée depuis des années avec une flopée de gosses. Peut-on abandonner aussi facilement et d?une manière aussi brusque un foyer et une famille ? Bien sûr, son mari, chauffeur de son état, n?était pas le prince charmant souhaité et Houria n?était pas la femme soumise qui pouvait faire une fugue à la moindre scène de violence. Il est vrai aussi que les mauvaises langues donnaient à Houria la réputation qui semble confirmée par la fugue qu?elle avait tentée une fois vers Bejaïa, avant d?être ramenée par son mari. Pourtant, tous les scénarios que l?on imaginait ne pouvaient expliquer un départ aussi précipité et sans qu?aucun signe l?annonce. Bachira se posa bien des questions mais la lettre était là et elle confirme bien ce départ. Elle ne pouvait donc que plier l?échine sous le scandale qui s?annonçait. Elle préféra néanmoins avertir la police de cette disparition inexplicable. Peu de temps après, Bachira reçoit une seconde lettre, bien plus inattendue que la première, dans laquelle l?auteur lui demande simplement 40 000 DA en la menaçant de lui enlever son fils. La surprise est de taille. Les soupçons de Bachira se portent sur son époux Saïd, car il fut un temps où la relation du couple n?était pas des plus idylliques. Mais Bachira finit par se rendre à l?évidence qu?un père n?aura jamais l?audace de kidnapper son propre enfant pour escroquer sa propre femme ! Elle porta alors ses soupçons sur le seul individu qui, selon elle, était capable d?un tel manège, son beau-frère Rabah, le mari de sa s?ur disparue. Bachira se présenta une nouvelle fois au poste de police pour remettre les lettres et étaler ses soupçons sur Rabah. Une enquête préliminaire est alors entamée, Rabah est convoqué mais, peine perdue, il nie avec force être l?auteur des lettres. Il confirme néanmoins la disparition de son épouse et ce, depuis plus d?un mois. Selon lui, cette fugue était prévisible car Houria n?en était pas à sa première. Elle avait, par le passé, entretenu une liaison qui fut à l?origine d?un enfant abandonné à l?assistance et qui porte son nom à lui. Rabah rappelle à l?occasion qu?il avait eu l?intention de porter plainte pour adultère, puis préféra éviter le scandale. Cette seconde fugue n?était pas pour l?étonner car, rappelle-t-il, il y a quelques mois, il a été obligé de la ramener de force de Hammam Essalihine, à Tizi Ouzou. Quelques jours plus tard, l?affaire rebondit à nouveau. Deux autres lettres sont expédiées par Houria mais cette fois-ci, à l?aîné de ses enfants. Le contenu l?incitait à prendre soin de ses frères cadets jusqu?à ce qu?elle revienne. De nombreuses lettres furent expédiées plus tard d?Alger, de Béjaïa, de Batna, de Sétif. Puis une carte postale parvenue cette fois-ci de Paris. Le 13 novembre 2002, les enquêteurs contactent les service de police des frontières pour s?assurer s?il y a eu passage ou non. La réponse qu?ils obtiennent confirme les soupçons qui commencent à se faire autour de Rabah. Sa femme Houria n?est pas en France et n?a jamais tenté de traverser les frontières. A partir de là, l?affaire prend une autre tournure. (à suivre...)