Après la décision surprise du roi de supprimer le visa d?entrée aux Algériens, les observateurs s?attendent à une évolution dans les relations entre les deux pays. L?Algérie va-t-elle activer prochainement le procédé de réciprocité en annulant «l?accroc» du visa aux ressortissants marocains désireux d?entrer en territoire national après que le royaume chérifien eut décidé, unilatéralement, l?annulation de la procédure d?obtention du visa depuis hier, 30 juillet 2004, sur «hautes instructions» du roi Mohammed VI ? L?hypothèse reste plausible tant les prémices du rapprochement n?ont jamais été aussi évidentes qu?au cours de ces derniers mois avec, il est vrai, les «bons offices» tacites des Occidentaux (Américains, Français et Espagnols surtout). Cependant, une telle mesure ne sera en fait salutaire que lorsque l?annulation du visa de part et d?autre aura un effet d?entraînement et sera suivie directement de l?ouverture des frontières terrestres avec tout ce que cela induit comme dividendes pour les ressortissants et les économies des deux pays. En attendant, la suppression du visa pour les Algériens prend, dès à présent, l?allure d?un dégel entre deux pays dont les relations bilatérales n?ont jamais été au beau fixe en dépit de l?incessant carrousel de ministres et autres délégations constaté dans les deux directions depuis fort longtemps. Pour l?Algérie, il ne s?agit, ni plus ni moins, que d?une victoire diplomatique au regard de l?opinion internationale. Victoire parce que la décision du Makhzen équivaut à une mesure de «dédouanement» de l?Algérie accusée à tort d?avoir fomenté l?attentat de Marrakech en 1994, lequel a précipité la fermeture des frontières de la part des Marocains avant que la partie algérienne n?applique le même procédé de réciprocité en décidant de fermer les frontières et d?instituer la politique dissuasive du visa. Aujourd?hui, les profonds clivages entre les deux pays sur fond de l?insoluble problème du Sahara occidental sont certes loin de pouvoir être effacés d?un seul trait, mais il n?en demeure pas moins que cette mesure pourrait annoncer ce fameux «dégel» tant escompté surtout que de part et d?autre, les Algériens et les Marocains ont subi les effets néfastes du blocage diplomatique. Le Maroc, pays à vocation touristique par excellence, n?a jamais caché sa grande peine d?avoir perdu, au lendemain de l?attentat de Marrakech, ce que les incessantes vagues de touristes algériens leur offraient comme devises, un manque à gagner chiffré à des millions d?euros. Inversement, l?Algérie devait, elle, faire face au trafic tous azimuts de la contrebande de la dévastatrice «filière marocaine» (carburant, haschisch, produits agroalimentaires?) et tout ce que cela induit comme perte sèche à une économie nationale déjà fortement ébranlée.