Le Maroc a annulé la procédure de visa pour les ressortissants algériens qui désirent se rendre dans le royaume, a indiqué hier l'agence officielle marocaine MAP. Cette décision a été prise sur « très hautes instructions » du roi Mohammed VI, a ajouté l'agence marocaine. MAP commente cette décision comme étant « une volonté sincère et déterminée du royaume du Maroc d'inscrire ses rapports avec l'Algérie voisine dans une dynamique nouvelle ». L'accès au territoire marocain pour les ressortissants algériens n'est donc plus soumis aux formalités de visa en vigueur depuis 1994 à partir d'hier. Les signes avant-coureurs de cette ouverture se sont dessinés après la récente visite du ministre de l'Intérieur marocain à Alger, Mustapha Essahel. Les visas pour l'entrée sur le territoire marocain ont été instaurés suite à l'attentat contre des touristes à Marrakech et dans lequel Rabat avait accusé les services secrets algériens. La fermeture des frontières a été décidée par les autorités algériennes en appliquant au préalable une réaction de réciprocité suite à la décision marocaine d'instaurer le visa pour les citoyens algériens. L'ouverture des frontières a été à maintes fois annoncée officieusement, mais le poids des divergences n'a pas permis aux deux parties d'aboutir à cette issue. Face au forcing marocain, l'Algérie a tenu à rappeler qu'il s'agit d'apporter des solutions globales et non temporelles. Dans un discours, le roi Mohammed VI a tenu à « réitérer notre détermination sincère à donner à nos relations avec notre voisinage immédiat une impulsion, notamment avec l'Algérie sœur, en veillant à leur relance et à leur assainissement, afin de répondre aux attentes de nos deux peuples qui aspirent à bâtir un avenir de solidarité et de fraternité ». Le ton a visiblement changé. Le Palais royal veut calmer le jeu et envoyer des signaux de bonne volonté. Il n'y a eu, en revanche, jusqu'à présent aucune réaction officielle algérienne à cette annonce même si Mohamed Benaïssa, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération marocain, a reçu hier Boualem Bessayeh, ambassadeur de l'Algérie au Maroc, et lui a notifié « l'annulation des formalités de visa en vigueur depuis 1994 ». Tourisme En fait, cette initiative a une portée économique indéniable. Le Maroc lorgne du côté des touristes algériens et tente de capter une grande partie d'entre eux. S'inspirant de la démarche tunisienne qui a réussi à attirer un million de touristes algériens sur ses côtes, les Marocains joueront la carte de la proximité, de la facilité d'entrée sur le territoire et du rapport qualité/prix d'autant plus plus que la demande existe puisque nombre d'agences de voyages algériennes proposent des séjours à des prix intéressants. Selon des estimations, le nombre des Algériens qui ont passé des vacances au Maroc a observé une stagnation puisqu'il a atteint l'année dernière 20 684. Sur 4,4 millions de touristes, les résidents marocains à l'étranger en représentent plus de la moitié, ce qui relativise les performances touristiques du Maroc sur le marché international. Le Maroc sera, à coup sûr, le bénéficiaire de l'annulation des visas. Depuis la fermeture des frontières, le préjudice causé à l'économie marocaine est très important. Beaucoup de choses ont changé en Algérie. Le marché peut constituer une bouffée d'oxygène d'autant plus que la hausse du pétrole dope l'économie algérienne et peut profiter d'une manière indirecte au royaume chérifien.