Le ministre des Affaires étrangères devait se rendre hier au Maroc sur invitation de son homologue marocain pour assister à un festival sur la poésie. Le ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem devait se rendre hier au Maroc sur invitation de son homologue marocain pour assister à un festival sur la poésie. Le fait qu'il renonce à ce déplacement ouvre la voie à toutes les supputations, notamment après la décision unilatérale prise par le souverain du royaume chérifien de supprimer la procédure de visa pour les ressortissants algériens à laquelle Alger préfère ne pas donner suite dans l'immédiat. Devant le mutisme des responsables de la chancellerie qui font, disons-le franchement, dans la rétention d'informations, nous sommes tentés d'échafauder toutes sortes de scénarii. Le plus plausible serait que les hautes autorités marocaines n'ont pas du tout apprécié l'attitude mi-figue, mi-raisin, des autorités algériennes, pourtant promptes à réagir aux signes de bonne volonté. Sans doute que le roi Mohammed VI tablait sur les usages protocolaires consacrant le principe de réciprocité pour mettre Alger devant le fait accompli et faire basculer la balance en sa faveur. Ce procédé n'ayant pas eu l'effet escompté a toutes les chances de se transformer en pomme de discorde. S'agit-il d'un crime de lèse-majesté? Au niveau du ministère concerné, c'est motus et bouche cousue. A croire que ce qui se trame en sourdine ne concerne pas les citoyens, notamment ceux qui ont perdu beaucoup en terre marocaine en 1994 quand ces derniers subissaient la bastonnade et l'humiliation. Le Maroc a jeté un pavé dans la mare et c'est à l'Algérie de se mouiller pour aller le «repêcher». El Mouradia se trouve actuellement dans une position inconfortable et cela apparaît dans les propos mitigés du chef de la diplomatie qui a interprété ce geste de Rabat de «concrétisation des liens d'amitié et de fraternité entre les deux pays» et c'est le «message adressé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au souverain marocain Mohammed VI à l'occasion du 5e anniversaire de son accession au trône, qui a contribué à faire avancer les choses entre l'Algérie et le Maroc», a estimé le ministre algérien des Affaires étrangères. Le président algérien avait réaffirmé mercredi au roi Mohammed VI sa volonté de «raffermir les liens de fraternité, de bon voisinage, de solidarité et de coopération afin de jeter les bases indispensables à la consécration de relations bilatérales exemplaires». A rappeler que l'annulation de la procédure du visa - en vigueur depuis 1994 - pour les ressortissants algériens a été prise sur «hautes instructions» du roi Mohammed VI. La formalité du visa, annulée dès vendredi, avait été imposée aux ressortissants algériens en août 1994 après un attentat contre un hôtel de Marrakech perpétré par des terroristes maghrébins. Rabat avait accusé les services algériens. Alger avait riposté en fermant de son côté la frontière commune. Concernant la réouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc, Belkhadem avait répondu que «la question des frontières est examinée dans le cadre des deux commissions qui travaillent, tant à Alger qu'à Rabat». «L'une des deux commissions a présenté certaines conclusions alors que d'autres feront l'objet de rencontres au niveau des experts», a-t-il dit, ajoutant: «A ce moment-là on en reparlera». Concernant l'annulation du visa pour les citoyens marocains qui désirent se rendre en Algérie, il avait affirmé que la décision de l'Algérie sera connue ultérieurement. Cet ajournement va-t-il constituer un ferment de discorde aux relations déjà tendues entre le Maroc et l'Algérie? La question reste entière.