Ambiance Le mode de vie semble imposé par la grande canicule qui sévit dans la ville de Tlemcen. Ici, l'activité matinale intense cède le pas, au fur et à mesure que le soleil évolue vers le zénith, au repos et au farniente. Dès le matin, les ruelles ombragées de platanes géants grouillent de passants qui se pressent de faire leurs emplettes au grand marché couvert du centre-ville ou dans les boutiques de Kissaria, pour retourner aussitôt chez eux. D'autres citoyens s'attablent sur les esplanades à l'ombre, le temps de siroter un thé ou un café et commenter à bâtons rompus les événements rapportés par la presse, pour s'éclipser ensuite, de peur d'une insolation. Certaines personnes, généralement retraitées, ne renoncent pas à leurs habitudes de faire un petit tour au café maure Romana de la médina, lieu de prédilection des joueurs de cartes «roundha» et où s'effectuent également en «catimini» des transactions et des échanges d'effets vestimentaires et d'objets de valeur, entre vieillards, réputés être des vendeurs ambulants. Ces derniers s'y rendent régulièrement, ne serait-ce que pour prendre un thé préparé à la manière traditionnelle. Ils engagent un brin de causette et s'échangent quelques prises de tabac à chiquer ou à «sniffer», avant qu'ils ne se dispersent, titubant au milieu de la chaussée en s'appuyant sur leurs cannes. Non loin de là, la place publique Joutia, fréquentée tous les jours par une catégorie de vendeurs à la sauvette, ne désemplit pas. Toute une panoplie d'objets neufs et usagers, allant de la chaussure de sport aux pièces et appareils électroniques, en passant par les pots de plantes ornementales, y est exposée de manière anarchique, et dans une promiscuité telle que le visiteur éprouve du mal à se frayer un passage en cet endroit truffé aussi de pickpockets. Au début de l'après-midi, la ville se vide notamment les quartiers «huppés» où, à cette heure, il n?y a pas «un chat qui rôde» dans les parages et où tout le monde aspire au silence pour faire une bonne sieste. Les mômes, moins enclins à ce besoin de repos que leurs aînés, accaparent, pendant de bonnes heures, la télévision pour suivre leurs émissions préférées, ou tout simplement s'en servir comme interface pour leurs jeux électroniques. Peu à peu, la fraîcheur se réinstalle et la ville reprend son activité habituelle. Le mouvement des passants reprend dans toute la cité. Les boutiques et magasins sont pris d'assaut par la gent féminine et les terrasses des cafés regorgent de citoyens à la recherche de fraîcheur et de bien-être. Les uns dégustent une coupe de crème glacée et les autres se désaltè- rent en prenant une boisson fraîche et cela peut durer jusqu'à la tombée de la nuit.