Quête Ils sont des milliers de jeunes à arpenter, quotidiennement, les couloirs des lycées pour une hypothétique inscription en troisième année secondaire. Ils, ce sont ces lycéens qui ont échoué au baccalauréat-2004. Pour la plupart nés en 1985, ils sont considérés comme les nouveaux parias de la société. Le système scolaire étant ce qu?il est, ces jeunes sont à présent, livrés à eux-mêmes, otages du bon vouloir des chefs d?établissement du secondaire. Les parents d?élèves que nous avons rencontrés au lycée les Castors, en ont gros sur le c?ur. Ils nous font part de leurs turpitudes. «C?est inconcevable qu?on soit traités de la sorte. Cela fait maintenant plus d?une semaine que le proviseur nous fait des promesses pour une éventuelle réinscription. Mais nous constatons que ce ne sont là que purs mensonges». M. A., père d?un élève de cet établissement recalé au bac, se plaint, lui aussi, des désagréments rencontrés au niveau de ce lycée. «Nous n?avons aucun interlocuteur valable en face. Si le proviseur n?est pas en réunion, il est en tournée de classes. Ce manège dure depuis deux semaines. Jusqu?à quand allons-nous subir cette humiliation ?». Dehors, d?autres parents d?élèves font le pied de grue depuis le matin. Certains sont là pour un simple retrait de document scolaire, comme ce citoyen qui a laissé son travail : «A chaque fois que je me présente pour retirer le certificat de scolarité de mon fils, la réponse est la même : le chef d?établissement est occupé». Lorsque nous l?avons croisé hier, il n?avait toujours pas obtenu son fameux certificat. «C?est une situation aberrante. D?un côté, nos enfants ne peuvent pas refaire l?année scolaire, et de l?autre, on leur refuse l?octroi des certificats de scolarité.» Quant à nous, toutes nos tentatives de ??toucher?? le directeur ont échoué. Ainsi, des milliers de jeunes lycéens, rejetés à la fleur de l?âge par un système scolaire obsolète, vont grossir les rangs des millions de chômeurs. Dans d?autres lycées où règnent l?anarchie et le «benaâmisme», le favoritisme et le «piston» sont érigés en règles. Dans ce lycée, comme dans tant d?autres, aucune commission ne s?est réunie pour «étudier» les recours des jeunes recalés au baccalauréat. La mort dans l?âme, ces jeunes lycéens pointent quotidiennement dans l?espoir de voir leur nom retenu. Des parents d?élèves qui attendent depuis le matin pour être reçus par le chef d?établissement font des révélations fracassantes. «La pseudo-commission de recours n'est qu?un leurre. Certains élèves recalés au bac suivront normalement leur scolarité. Ils fréquentaient la même classe que nos enfants. L?explication à cette énigme est pourtant facile : ils ont les «épaules larges, contrairement à nous pauvres citoyens». Toujours à Oran mais dans un autre lycée situé à proximité de l'inspection académique. Ici, il est impossible de rencontrer le proviseur. Plusieurs parents d?élèves inquiets du devenir de leurs enfants attendent en vain. Ici, il semblerait que les employés ont reçu des consignes strictes. «Le proviseur est en tournée de classes», se voit-on répéter à longueur de journée. Dans un geste d?impatience, des parents d?élèves, las d?attendre des journées entières, lèvent les bras au ciel. «Qu?a-t-on fait au Bon Dieu pour mériter de tels responsables ? Où est l?Etat de droit dans ce pays ?». Même son de cloche au niveau de la direction de l?éducation où les responsables sont toujours «en réunion de travail». Mais même lorsque l?on a la «chance de tomber» sur un employé conciliant, les informations sont distillées au compte-gouttes. «Ce n?est pas de notre ressort. Il faudrait voir avec les chefs d?établissement de ces lycées». Ces derniers, à leur tour, renvoient les parents d?élèves vers cette institution où la désorganisation et l?anarchie règnent en «maître». En tout état de cause, et en dépit de quelques rares proviseurs à la hauteur de leur tâche dont celui de Adda-Abdelkader où nous avons eu à constater l'organisation impeccable, beaucoup reste à faire à Oran.