par Sofiane M., Le Quotidien d'Oran, 27 février 2010 Le mouvement de contestation entamé mercredi dernier par les deux syndicats autonomes du Cnapest et de l'Unpef menace de s'étendre comme du feu dans la paille dans le secteur de l'Education nationale. L'appel à la grève a été certes diversement suivi en son deuxième jour dans les établissements scolaires, mais cette énième grève a été la goutte de trop pour les élèves de classes de terminale. Les marches des lycéens dans les grandes villes du pays, pour dénoncer la surcharge des programmes et le «bâclage» des cours et des devoirs, inquiètent le ministère de tutelle qui est en train d'assister avec impuissance à une reproduction du scénario de janvier 2008. Pour le ministre de l'Education nationale, le cauchemar ne fait que commencer. La montée de la grogne dans les établissements secondaires fait rappeler, en effet, la grève illimitée des lycéens où des milliers d'élèves de terminale avaient investi la rue pour exiger le retrait immédiat des programmes de réformes scolaires. Les lycéens avaient eu gain de cause grâce à une mobilisation impressionnante et bien organisée. Les élèves des classes terminales reviennent aujourd'hui à la charge pour réclamer cette fois-ci la suppression des cours du troisième trimestre dans les épreuves du baccalauréat de cette année. Après la capitale, la grogne des lycéens a gagné jeudi Oran où une centaine de lycéens sont descendus dans la rue pour crier leur ras-le-bol. La marche des lycéens, qui était annoncée depuis plusieurs jours, a eu finalement lieu jeudi matin lorsqu'une centaine de lycéens de plusieurs établissements secondaires de la ville ont décidé de marcher vers l'académie. Une masse compacte d'élèves de terminale ont arpenté le boulevard colonel Ben Abderrezak (2ème boulevard périphérique). Les lycéens ont observé une brève halte devant le siège régionale de la télévision nationale avant de se diriger vers le siège de l'académie pour manifester leur colère. «On ne veut plus jouer les cobayes», lance cette jeune lycéenne. «Nous sommes contre le bâclage des cours», martèle une autre. Les contestataires ont tenu un rassemblement devant le siège de l'académie. Une délégation de jeunes lycéens a été reçue par les responsables de la direction l'Education qui ont assuré aux jeunes élèves que toutes les dispositions ont été prises par la tutelle pour prendre en charge leurs doléances. Une commission ad-hoc, composée des responsables de l'académie, des représentants des parents d'élèves et des représentants des services de sécurité, a été d'ailleurs mise sur pied à l'académie. Elle est chargée de la réception de représentants des lycéens. La marche des élèves de terminale à Oran a eu lieu après la circulation dans les lycées de la ville de tracts appelant les élèves de terminale à investir la rue pour dénoncer le «bourrage» des leçons et la surcharge des programmes. Les tracts étaient «émargés» par le coordinateur national du Snapest, Meziane Meriane, et comportaient un cachet de ce syndicat autonome qui a pourtant gelé son mouvement de grève en signe d'apaisement après l'annonce, le 20 février dernier, des nouvelles hausses des salaires du personnel enseignant. Pour le coordinateur régional Ouest du Snapest, la signature et le cachet ont été scannés avant d'être utilisés frauduleusement sur ces prospectus. «Nous n'avons aucune relation avec ces tracts. Nous dénonçons énergiquement l'utilisation frauduleuse du cachet de notre syndicat et la signature du coordinateur national. Nous avons déposé une plainte jeudi contre X à la 8ème sûreté urbaine et une audience est programmée ce dimanche avec les services de la police pour prendre notre version des faits», confie M.Aous, coordinateur régional Ouest du Snapest. Le syndicaliste a dénoncé l'usurpation du cachet de son syndicat pour manipuler les jeunes lycéens. Pour revenir au mouvement de grève lancé par les deux syndicats autonomes du Cnapest et de l'Unpef, il devra se poursuivre jusqu'à mardi prochain dans les établissements scolaires. Durant les deux premières journées du débrayage, le mouvement semblait s'installer dans les écoles. Il n'est pas exclu que d'autres syndicats rejoignent cette action de contestation vu que la quasi majorité des travailleurs du secteur ont été déçus par les dernières hausses des salaires. Les syndicats autonomes avaient accusé, rappelle-t-on, la tutelle de «tromperie».