Avis Le sélectionneur national ne mâche pas ses mots et déclare que son équipe n?a pas pu réaliser son programme de préparation comme il se doit. InfoSoir : L?Algérie a réussi à qualifier sept athlètes, n?est-ce pas là une grande première ? M. Moussa : Il y a, en effet, sept athlètes qualifiés qui correspondent aux sept catégories des jeux Olympiques, ce qui est un excellent résultat pour l?équipe nationale et pour l?Algérie dans cette discipline. C?est une première qui n?est, en fait, que le fruit d?un long et profond travail, de grands sacrifices et de volonté. Comment s?est déroulée votre préparation à ce rendez-vous majeur ? La préparation a connu plusieurs phases. En 2001, les choses étaient mieux organisées et les moyens disponibles pour accomplir de bons stages. La programmation était respectée, pour preuve les résultats ont vite suivi et d?ailleurs jamais le judo algérien n?a obtenu d?aussi excellentes performances à tous les niveaux. De 2001 à 2004, les résultats étaient meilleurs et il fallait donc multiplier les efforts et les moyens pour aboutir à un niveau de préparation qui nous permettrait de rivaliser avec le haut niveau et prétendre à des résultats probants. Malheureusement, l?année 2004 n?a pas été digne d?une année olympique pour nous. Nous avons à peine réalisé la moitié de notre programme de préparation. C?est inadmissible ! En quoi consistait le programme initial que vous aviez tracé et qui, apparemment, ne s?est pas déroulé comme vous le souhaitiez ? Le programme consistait en des stages de longues et courtes durées, plus des tournois de niveau A et B. Il faut savoir également que la plupart de ces stages se déroulent à l?étranger, car c?est la seule manière de permettre à nos athlètes de se frotter à leurs homologues d?autres pays et qui font partie du haut niveau mondial. De cette façon, nos judokas peuvent élever leur niveau et nous, entraîneurs, nous pouvons réellement les évaluer, les corriger les orienter. Pour notre part, nous avons eu beaucoup de coupures, ce qui a influé négativement sur la préparation. A titre d?exemple, il y a eu un protocole d?accord avec les Cubains qui est resté sans suite, les stages de Corée du Sud et du Japon ont été annulés en raison de budget et d?une fédération déjà endettée, le stage en Espagne n?a pas eu lieu faute de visas, le tournoi des Pays-Bas n?a pas eu lieu non plus pour les mêmes raisons budgétaires. Expliquez-vous ? Le comble de tout ce que je viens de vous énumérer comme problème s?est passé lors du tournoi et stage de Trittori, en Italie, où l?équipe nationale s?est déplacée sans son entraîneur, car il n?a pas eu son visa dans les délais. A qui la faute ? je ne sais pas. Ce même problème s?est répété une seconde fois pour un stage en France, puis celui des Pays-Bas et de Belgique, et là les services de l?ambassade n?ont même pas daigné répondre. Pensez-vous que cela soit normal ? Ce qui s?est passé est grave, car il touche non seulement l?équipe nationale, mais la dignité de l?Algérie. Voyez, par ailleurs, dans quelles conditions nous nous préparons aujourd?hui, puis les déplacements entre l?hôtel et le lieu d?entraînement qui fatiguent les athlètes qui ont du mal à récupérer. Comment comptez-vous pallier ce manque de préparation et quelles seraient vos prétentions ? La majorité des autres disciplines partage notre avis et certainement la même situation que nous. Ce dernier stage avant le départ, prévu vendredi 6 août, consiste en une remise en forme et quelques corrections moyennant la vidéo, sans oublier le travail psychologique. Maintenant pour les objectifs, j?estime que nos judokas sont appelés à se surpasser et pourquoi pas réaliser un ou plusieurs exploits. Ne pensez-vous pas que le fait d?évoquer la mauvaise préparation peut être un argument pour décourager vos athlètes ? Bien sûr qu?on n?évoquera pas souvent ce manque de préparation devant les athlètes afin d?éviter de leur donner des raisons de justifier dès maintenant un éventuel échec. Les judokas devront partir avec un esprit de gagneur. Et nous possédons en des garçons comme Rabahi, Meridja ou Yacoubi des athlètes expérimentés qui ont déjà fait une olympiade, qui connaissent bien leurs adversaires et ils peuvent créer la surprise. En tout cas, je ne vais pas m?aventurer pour vous dire que nous allons ramener une médaille, mais je suis persuadé qu?ils feront le maximum. Moi-même, j?étais le premier Algérien à monter à la cinquième place des championnats du monde en 1973 sans vraiment une préparation, pour vous dire qu?il y a d?autres facteurs qui peuvent influer sur un bon résultat.