Des motifs variés, des symboles, des fleurs et des animaux et des couleurs naturelles sublimes. Des variétés de vert, de rouge, de bleu, de noir, de gris? Ce sont souvent des tons vivants et éclatants semblables à des fresques. «Le tapis perse, appelé kali en perse, se distingue par la finesse et le raffinement de son travail. Tout est calculé avec exactitude, les n?uds, les motifs, les dessins et même les couleurs. C?est un travail manuel qui exige une grande concentration morale et physique. De l?énergie et du temps aussi, ce qui influe énormément sur la santé des tisseuses. Les gens ignorent tout cela et rouspètent même dès que nous leur indiquons les prix», confie Abbasse, vendeur de tapis perse dans l?unique magasin en Algérie, sis au Val d?Hydra. «Regardez ces merveilles, ce sont des couleurs végétales et authentiques, tisser souvent avec des mains fines de femmes et d?enfants. Ce sont des années de travail. Savez-vous que le plus petit tapis peut prendre au minimum deux années de travail, alors que les plus grandes vont jusqu?à 12 ans de tissage !», lance-t-il encore en caressant les tapis énormes et multicolores et merveilleux qui décorent le «palais». Notre orateur d?origine iranienne atteste qu?actuellement la production iranienne des tapis a baissé de près de 40 % sur le plan international, car le prix de ces tapis est dérisoire, ce qui a découragé les fabricants, généralement des familles pauvres et démunies. «Les matériaux de fabrication coûtent excessivement cher. Et puis les tisserands ne peuvent plus s?adonner à cette passion, car elle ne les fait pas survivre et ses rendements sont piètres. Ils ne peuvent même pas se faire de l?argent et pérenniser cette activité», raconte Abbasse. En effet, la population des villages reculés, réputée pour ses tapis sublimes préfèrent se consacrer à des activités rentables, soutenues par l?État, particulièrement dans l?agriculture pour ne pas mourir de faim. Outre les belles couleurs, les tapis perses sont également réputés pour leur solidité. Ainsi, plus le tapis est ancien, plus il est foulé, plus il est usé, plus il devient beau et flamboyant. Souvent, les tapis perses portent les noms de leurs villages. «Les Chinois, les Indiens et les Afghans ont tenté d?imiter notre production, mais le tapis perse garde toujours sa particularité. C?est un héritage familial transmis de père en fils, de mère en fille. Dès l?âge de 8 ans, les enfants sont initiés à cette passion. C?est pour cette raison que nos modèles et notre qualité sont uniques. Chez nous, c?est toute une culture», ajoute Abbasse. Ce dernier confie tristement que les Algériens ne connaissent pas l?histoire et la valeur du tapis perse. «Dès que je leur parle des prix, ils affirment d'emblée que c'est cher ! Mais c?est un travail manuel et authentique, fruit de plusieurs années de labeur.» Les tarifs des tapis se situent entre 20 000 et 600 000 DA. De véritables joyaux, qui nous plongent dans le monde fabuleux des Mille et une nuits, d?Ali Baba et les quarante voleurs, de Schahrazad et de son mari Chahrayar.