Phénomène Le divorce, en nombre croissant ces dernières années, gangrène la famille tlemcénienne. Ce fait sociétal connaît une nette croissance avec un taux de plus en plus élevé, ont estimé les services compétents au niveau de l'état civil et des tribunaux de la cour de Tlemcen. 1 180 divorces ont été prononcés par les 7 tribunaux relevant de la cour de Tlemcen, en 2003, contre 1 765 mariages contractés durant la même période, indique-t-on. Selon les chiffres avancés par le service de l'état civil, il s'avère que sur les 1 180 divorces, il y en a eu 276 prononcés par arrangement, 321 par consentement mutuel, 488 par volonté individuelle du conjoint, 93 à la demande de la conjointe et deux cas par la procédure «d'el kholaâ». Ce taux de "divortialité" est jugé par un magistrat près le tribunal de «très élevé et inquiétant à la fois» par rapport aux taux enregistrés au cours des trois dernières années. Les informations recueillies auprès d'une dizaine de couples vivant le drame de la séparation conjugale rencontrés au parquet et auprès des instances administratives et judiciaires, démontrent que le recours au divorce touche diverses catégories sociales et n'épargne ni les intellectuels ni les universitaires et bien moins encore les analphabètes tant pour les femmes que les hommes. Chez les conjoints, l'annexe régionale d'Oran, relevant de l'Office national des statistiques, a indiqué que 70% des hommes divorcés ont un niveau d'enseignement primaire et moyen, 8% sont des universitaires, 20,5% ont un niveau secondaire et 1,5 % n'ont jamais été scolarisés. Pour les femmes, la plupart sont analphabètes et de différentes origines sociales, citadines et rurales. S'agissant de la durée de la vie commune, elle varie, d'après les cas, entre 5 mois et 3 ans, et entre 10 et plus de 20 ans. Parmi les causes étant à l'origine de la déstabilisation de la vie conjugale, on relève particulièrement les conflits survenant dans le couple et qui sont dus aux conditions sociofinancières, la maltraitance de la femme de la part de l'époux et de la belle- famille, la mauvaise prise en charge des besoins familiaux, l'abandon de famille, l'infidélité et le besoin de s'installer dans un logement individuel, explique-t-on. Même si le saint Coran a exigé le recours au divorce comme ultime solution et le «pire halal», selon le hadith du prophète (qsssl), pour mettre fin au calvaire vécu par les deux conjoints, résultant beaucoup plus de l'incompréhension et l'incompatibilité de caractère, et/ou de l'incapacité à faire face aux problèmes matériels ou immatériels de la vie, il semble que «la femme reste la plus vulnérable et subit les graves conséquences de cette rupture», explique-t-on. La précarité la guette après la rupture et la rend plus vulnérable, particulièrement en tant que mère ayant souvent à charge l'éducation et la prise en charge des enfants, conclut-on.