Il n'y a pas que l'Occident à nourrir l'imagination des Algériens et de leurs langues. L'Orient moderne lui aussi fournit des références, tantôt positives, tantôt négatives. Ainsi, Bagdad évoque le luxe et le faste des Mille et Une Nuits. Le nom de la ville a d'ailleurs inspiré un prénom algérien, Baghdadi, courant surtout à l'ouest du pays. Le mot Cham, qui désignait autrefois l'Asie mineure ? Liban, Syrie, Palestine ?, n'est plus en usage aujourd'hui (sauf dans les chansons anciennes), mais les étoffes de Syrie sont encore réputées : djubba suriyya (robe syrienne), qmach Suria (tissu de Syrie), etc. L'Egypte est surtout citée à propos de son cinéma et de ses feuilletons télévisés: les fameux musaIsalat que la télévision algérienne avait pris l'habitude, à une certaine époque, de diffuser à 18 heures, d'où l'appellation : musalsalat essadissa ! Les pays du Golfe ont fait irruption ces dernières années dans les langues algériennes. Le nom de Dubaï est souvent donné à des marchés ou à des bazars où on peut trouver, à des prix défiant toute concurrence, divers produits, généralement de contrefaçon. Mais le pays auquel les Algériens associent souvent la contrefaçon est Taiwan. Si pour les économistes, l'île chinoise est le symbole de la réussite économique ? le pays étant passé, en quelques décennies, d'une économie totalement agricole à une économie de pays industrialisé ?, pour les Algériens, Taiwan représente les produits bas de gamme, fabriqués en série et surtout peu fiables. Vous achetez un roulement de voiture qui ne dure que trois jours ou une cafetière électrique qui tombe en panne quelques jours après l'achat, ces produits, de moindre qualité, sont dits «taiwan», même s?ils viennent d'ailleurs. Le mot est même employé pour stigmatiser l'incompétence, la malhonnêteté et bien d'autres défauts encore !