C'est l'ancêtre des mots croisés et il a près de 2000 ans : une grille d'une dizaine de mots qui ne peuvent se lire que de façon horizontale ou verticale mais n'exploitent pas les diagonales. Les archéologues en ont exhumé plusieurs exemplaires autour du Bassin méditerranéen, comme par exemple à Pompéi. Plus proches de nous, la plupart des jeux de lettres pratiqués en Europe depuis le XVIe siècle, proposent de former des mots avec des lettres en carton, un peu sur le principe du scrabble. Enfin au XIXe siècle, on voit apparaître les premières grilles de mots croisés qui ne comportent alors que quelques locutions. En tentant de croiser les mots afin d'augmenter le nombre de définitions sans agrandir l'espace, les rédacteurs des journaux du XIXe siècle peinent à la tâche ! Certains vont même jusqu'à utiliser les mêmes mots dans les deux sens, ce sont les mots carrés. C'est en inventant au début du XXe siècle les fameuses cases noires que l'Anglais Arthur Wynne apporte aux mots croisés la révolution nécessaire à leur essor. Désormais, deux mots peuvent occuper une même ligne, la bordure de la grille n'est plus la seule limite. Il devient donc parfaitement possible de croiser les mots ! Arthur Wynne part tenter sa chance aux Etats-Unis et le 21 décembre 1913, le quotidien américain New York World publia dans l'un de ses suppléments dominicaux la première grille telle que nous la connaissons encore aujourd'hui. A une exception près car elle était en forme de losange. Malheureusement pour lui, Wynne n'a pas la fibre des affaires et ne parvient pas à profiter financièrement de son invention. C'est l'un de ses compatriotes, Morley Adams, qui fera fortune en sachant exploiter la trouvaille. Entre-temps, un journaliste du Times anglais part en croisade contre les mots croisés qu'il accusait de détourner l'attention des salariés de leur travail... En France, la toute première grille est parue dans les pages du Dimanche Illustré en 1925. C'est à des poètes et des écrivains français comme Jean Richepin ou Tristan Bernard que l'on doit le développement des mots croisés. Leurs définitions laconiques exigeaient, en effet, de très sérieuses connaissances en vocabulaire et en orthographe. Jusqu'au célèbre Max Favalelli, médiatisé par l'émission Des Chiffres et des lettres, et également auteur de nombreux ouvrages cruciverbistes. Parmi les milliers de définitions qu'il rédigea, en voici une intéressante en 8 lettres : «Manque absolu de toupet.» Réponse : calvitie !