Les anecdotes de Djeha sont très nombreuses et on y fait allusion, à tout propos. Ainsi, h'mar Djeha (l'âne de Djeha) est cité comme exemple de bêtise, par opposition à l'intelligence maligne de son maître. Mais Djeha, ce n'est pas seulement la ruse, c?est aussi le bon mot que l'on cite parfois en proverbe. Ainsi, pour dire : «Après moi, le déluge», on dit : «Kima qal Djeha : sslamet rrassi !» (comme a dit Djeha : que ma tête soit sauvegardée). On rapporte qu'on vient dire à Djeha que son village vient de prendre feu. «Et mon quartier, dit-il, a-t-il été épargné ? ? Non, lui répond-on, le feu l'a atteint !» Il demande de nouveau : «Et ma maison ?». On lui répond : «Ta maison a brûlé ! ? Et ma femme ? ? Elle est morte ! ? Et mes enfants ? ? Brûlés vifs !» Il s'exclame aussitôt : «Sslamet rrassi !» (que ma tête soit sauvegardée !). Dans une autre anecdote, Djeha est en compagnie d'un chrétien, le fameux Djeha rumi, également malin, mais pas autant que le nôtre. Le chrétien mange de la viande et comme Djeha le regarde avec envie, le chrétien lui dit : «Vois-tu, je mange de la viande alors que je ne devrais pas en manger !» Djeha le regarde avec curiosité et lui dit : «Et pourquoi donc ? ? Parce que, chez nous, c'est carême, période au cours de laquelle on ne doit pas manger de viande !» Djeha continue à regarder la viande avec envie. «Je t'en donnerais volontiers, lui dit l'homme, mais cette viande ne te convient pas ! ? Et pourquoi donc ?» demande Djeha dont l'?il s'allume. «Parce que, dit le chrétien, c'est du porc, et le porc, comme chacun sait, est interdit aux musulmans !» Djeha a alors ce mot : «Je suis parmi les musulmans ce que tu es parmi les chrétiens !». Ce mot est cité pour sous-entendre qu'on est prêt à accepter une chose à laquelle on n'a pas droit ou qui est interdite parce qu'on en a envie.