Le viol ne doit plus être passé sous silence, mais dénoncé. Noura, violée à l?âge de 15 ans, se dit détruite à jamais par ce drame qui la hante depuis 3 ans. Aujourd?hui, à 18 ans, Noura aurait pu devenir une de ces psychopathes qui reportent leurs humiliations sur des innocents ou se réfugient dans l?alcool, la drogue et la prostitution. Ce n?est pas le cas de cette jeune fille, qui a été violée à l?âge de 15 ans par son maître d?arabe. Cette petite fille, pleine de vie et d?espoir, a été brisée par un homme, dont le souvenir restera gravé à jamais dans sa mémoire. Elle a supporté ce fardeau sur ses frêles épaules pendant trois ans. Elle a trouvé dans le silence l?antidote à ses souffrances. Mais son cerveau repasse sans cesse le film des atrocités qu?elle a vécues. Aujourd?hui, Noura a décidé de parler à la justice. Elle dépose donc une plainte pour viol contre son maître. Cela peut parfois aider à ouvrir des portes qui ont longtemps retenu les voix du silence. Le jour du procès, le 22 août, au tribunal d?Alger, où est jugée cette affaire de viol sur mineure de moins de 16 ans, le président appelle les personnes citées dans le dossier. Le maître se présente devant le juge. Pressé de questions, il avoue finalement son acte après avoir d?abord nié et déclaré : «Je ne l?épouserai jamais, dussé-je être condamné !» Noura est émouvante : «Vous savez, je ne vis pas la vie d?une fille de mon âge, je suis condamnée à jamais, pas le moindre espoir à l?horizon... Je n?ai jamais voulu céder à la haine, mais je suis tentée plutôt de comprendre ces malades du sexe. J?ai même essayé de pardonner, mais je n?ai pas pu. Pardonner quoi et à qui ? A celui qui a démoli ma vie ou à mes parents séparés qui, au beau milieu du drame, se rejetaient la responsabilité. De toute façon, je n?ai jamais été aidée par eux, j?étais de trop dans la famille de ma mère. Maintenant, je me sens seule et je n?arrive pas à tout extérioriser. Je garde tout pour moi. Mais je n?accepte plus le silence, je refuse de me cacher, avec celles et ceux qui ont connu cette souffrance. Violée, je suis souvent traitée de dévergondée ou de libertine. Je suis toujours une personne non seulement indésirable dans la famille, mais aussi mal vue dans la société et vous pouvez imaginer le reste.» Le représentant du ministère public, mettant en évidence la véracité des faits, requiert une peine de dix ans de réclusion criminelle. A la fin des délibérations, le président prononce une peine de 5 ans de prison contre l?accusé. Noura s?est montrée reconnaissante envers la justice, elle remercie aussi celles et ceux qui l?aideront à sortir du néant et qui lui trouveront des raisons d?espérer.