Un journaliste s'inquiète de la future libération de Karla Homolka. Quelles sont les obligations de la société envers les familles d?êtres aimés qui ont été les victimes de crimes brutaux ? Cette question, dans toute sa complexité, a été soulevée ces dernières semaines au Canada, avec la publication en français d?un livre controversé sur Karla Homolka, qu?aucun éditeur de langue anglaise ne veut publier. Karla, le pacte avec le diable se pose la question de savoir s?il est sage de garder en prison Karla Homolka jusqu?à la fin de sa sentence, en juillet 2005, plutôt que de la libérer sur parole (ce qui aurait pu être fait l?année dernière), après qu?elle eut purgé les 2/3 de sa peine. L?auteur de ce livre, Stephen Williams, explique que si Homolka avait été libérée en 2001, les autorités auraient pu contrôler sa réintégration dans la société. On aurait pu l?obliger à rencontrer régulièrement son «officier de tutelle» de liberté surveillée. On aurait pu la soumettre à une surveillance étroite, par exemple avec un bracelet électronique pour savoir où elle allait. «Mais, maintenant, lorsque 2005 va arriver, elle sera libre comme un oiseau, aucune chaîne ni attache, et personne ne pourra savoir où elle est», dit Williams. Son livre inclut bien d?autres chapitres controversés, notamment les détails d?évaluations psychiatriques non rendus publiques indiquant que quasiment tous les psy, qui ont examiné Homolka, ont conclu qu?elle n?était pas une psychopathe, argument pourtant utilisé par les autorités pénitentiaires pour la maintenir en prison. Utilisant de nouveaux documents, le livre fournit également un réexamen extrêmement critique du «marché» juridique et politique passé lors du «plea bargain» avec Homolka. Celui-ci avait permis à la jeune femme de n?être condamnée qu?à 12 ans de prison pour son rôle dans les viols et meurtres de Kristen French, 15 ans, et Leslie Mahaffy, 14 ans. Stephen Williams affirme que sans l?action de deux hommes (Vince Bevan, chef de la Force spéciale consacrée à ces meurtres et à présent chef de la police d?Ottawa, et Michael Code, procureur en chef de l?Ontario), Karla Homolka n?aurait jamais pu profiter du marché qu?elle a passé en échange de son témoignage contre son mari, Paul Bernardo. Mais ce qui a le plus choqué, c?est l?échange de lettres entre Williams et Homolka durant 18 mois, dont beaucoup d?extraits apparaissent dans le livre. Dans ses lettres, Homolka révèle qu?elle apprend le français et prévoit de disparaître dans l?anonymat à Montréal lorsqu?elle sera libérée. Elle ne montre quasiment pas de repentance pour ses crimes et exprime de la colère contre les autorités pénitentiaires qui affirment qu?elle est psychopathe.