Selon le Plan bleu initié par l?actuel ministre de l?Aménagement du territoire et de l?Environnement, il a été question de créer des stations d?épuration d?eau à travers plusieurs villes du pays. Celle de Boumerdès, qui fonctionne depuis 2001 et qui a coûté 90 milliards de centimes, a totalisé 6,5 millions de mètres cubes d?eau épurée. Néanmoins, cette station engloutit chaque année 30 millions de dinars, tous frais compris, pour son fonctionnement. «C?est une usine, on ne peut l?arrêter», dira Youcef Gabi, directeur de l?hydraulique de la wilaya de Boumerdès (DHW Boumerdès). Elle est en marche H24. De cette épuration des eaux usées, on tire des engrais et une eau épurée à 90%. L?agriculture est l?un des secteurs bénéficiaires de cette opération, mais à ce jour l?irrigation des terres se fait à titre gracieux. C?est pourquoi «un décret relatif à la tarification des eaux, en particulier les eaux usées épurées, va bientôt voir le jour», apprend-on auprès de la direction de l?hydraulique et de l?Office national d?assainissement (ONA) qui assure la relève depuis un peu plus d?un mois. Pour l?instant, seules des taxes d?assainissement sont en vigueur. Pour rentabiliser cette opération, les personnes au fait de la question recommandent une réflexion sur «des mécanismes de prise en charge». Ces responsables suggèrent même l?éventualité qu?un fonds national de l?environnement prenne en partie en charge le financement lourd de ces stations. Par ailleurs, il serait logique que «les gros consommateurs d?eau payent plus», pressentent-ils. La station table sur 15 millions de mètres cubes d?eau épurée d?ici à 2020. Les différentes phases de l?opération Procédé C?est au niveau de la station de refoulement (SR 2), située juste en face de l?oued Tatareg que l?on nettoie, dans un premier temps, avec une raclette les ordures des eaux usées. Un système à ultrasons, composé de trois pompes se met en marche 24h sur 24 au fur et à mesure que le niveau d?eau augmente. Un groupe électrogène assure l?alimentation en énergie électrique en cas de délestage. Les eaux sont alors acheminées, par des conduites souterraines, jusqu?à la station d?épuration de Keddara. Selon Youcef Gabi, «la SR 2 refoule 9 000 m3 par jour, mais en été elle n?en refoule que 5 000». A la station d?épuration de Keddara, nous avons été surpris de constater que la station est une véritable usine. Dans la salle de commande, un tableau signalétique permet de surveiller le fonctionnement de la station et de localiser un problème dès qu?il survient. Et c?est dans un grand bassin «de dissipation d?orage» que culminent les eaux usées des différentes stations pour passer à la phase du prétraitement. «Toute l?opération d?épuration repose sur la préservation des bactéries contenues dans l?eau», précise notre guide qui explique que cette opération est effectuée avec le «désableur» et le «déshuileur», car l?huile détruit la bactérie. En fait, il s?agit du citernage des huiles. L?eau est ensuite envoyée vers le bassin d?aération, où elle subira une oxydation. C?est la phase de traitement qui commence. Là, interviennent les palettes qui tournent, absorbent l?air et oxygènent ainsi l?eau dans un énorme bassin. Elles se déclenchent automatiquement à partir de trois moteurs. Pour le déclenchement, un oxymètre calcule le taux d?oxygène : à 0,30 mg/l le moteur se déclenche et à 1,10 mg/l il s?arrête. L?eau est oxygénée à 0,99 mg/l, elle est donc claire et épurée à 90 %. La boue reste au fond, elle sera transférée dans un déshydrateur mécanique pour son épaississement. Si la boue est liquide, on lui ajoutera des polymères pour l?épaissir. Une fois épaissie, elle constitue un engrais naturel destiné à l?agriculture. Dans un autre bassin, des chicanes pour augmenter les dépôts, car s?il y a encore des particules, elles vont se déposer avant la sortie finale. Un système à ultrasons permet de faire passer 450 m3 par heure. L?eau épurée, à 90 %, est déversée, au bout du compte, dans l?oued Tatareg pour poursuivre son chemin vers la mer sans causer de pollution. Il faut savoir que 6 600 m3 d?eau sont épurés par jour dans cette station.