Le hérisson est un autre animal représentant la ruse : l?guenfud, dit-on, h'ili unas's ! (le hérisson est un malin et demi). C'est dire que son intelligence dépasse toutes les intelligences. En berbère, on l'appelle inissi et on dit : «Inissi degs imensi» (le hérisson fournit un bon repas), mais l'animal ne se laisse pas prendre avec facilité... Bien que malin, le hérisson ne fait pas le mal pour le maI : on le montre même aidant son prochain. Au contraire, ce sont les autres, et en premier l?homme, qui se montrent ingrats envers lui. On rapporte, à ce propos, qu'un paysan, rentrant chez lui, trouve sur la route un serpent gelé par le froid : «Le pauvre, se dit-il, s'il reste là il risque de mourir !». Il le prend et le met dans le capuchon de son burnous. Et voilà qu'en cours de route le serpent, réchauffé, reprend vie. Il sort du capuchon, s'enroule autour du cou de l'homme et se met à serrer. «Hola, crie l'homme, que fais-tu là ? ? Je veux t'étouffer puis te dévorer, dit le serpent ! ? C'est ainsi que tu rends le mal pour le bien ? Je t'ai trouvé en partie gelé, je t'ai mis dans mon capuchon pour te réchauffer et tu veux me tuer ! ? Je ne t'ai rien demandé», dit le serpent ! Et il se met à serrer plus fort le cou du malheureux. «Je demande le droit de porter l'affaire devant la justice ! dit l'homme. ? Soit, dit le serpent, demandons l'arbitrage du premier venu !» Or c'est un hérisson qu'ils rencontrent en premier. On lui soumet le différend. «Qu'en penses-tu ?», demande le serpent. Le hérisson, qui a compris tout de suite de quoi il s'agit, s'exclame : «Pas de justice en l'air, descends du cou de cet homme, chacun des adversaires défendra sa position et je jugerai !» Le serpent descend. Aussitôt le hérisson s'écrie : «Vite, tue-le !» L'homme frappe le reptile de sa canne, lui brisant la tête. Le hérisson, lui, est déjà parti. «Ah ! se dit l?homme, voilà le repas de mes enfants qui m'a glissé entre les mains !»