Paradoxe ■ Au moment où les compagnies aériennes traditionnelles font face à une multitude de difficultés qui les empêchent d'aller de l'avant, celles dites low-cost continuent d'engranger de plus en plus de bénéfices et de se développer à travers le monde grâce à leurs prix bas. Mais pour en arriver là, elles ont dû réduire au maximum leurs dépenses. Vente de tickets via Internet, utilisation d'aéroports secondaires où les taxes sont moins élevées, suppression de la gratuité des repas, limitation du nombre et du poids des bagages en cabine, tout a été conçu de sorte à ce que les frais d'exploitation des avions soient les plus bas possibles. Si ces mesures n'ont pas suscité d'inquiétudes parmi les utilisateurs, ce n'est pas le cas de celle relative au changement des conditions de travail des employés. Alors que les personnels navigants commerciaux ont été invités à devenir polyvalents en effectuant plusieurs tâches à la fois, les pilotes ont été appelés à travailler plus pour gagner... moins. Comme les compagnies traditionnelles recrutent de moins en moins depuis quelques années, les uns comme les autres ne se sont pas fait prier pour accepter ces conditions. Certains les ont tout de même dénoncées à l'instar de ce commandant de bord qui a consacré un livre aux dangers de la politique low-cost de Ryanair. Intitulé Low-cost mais à quel prix ?, l'ouvrage paru en 2013 critique sévèrement le modèle axé sur la réduction des coûts de la compagnie aérienne irlandaise. Selon son auteur qui a utilisé le pseudonyme de Christian Fletcher de peur d'être licencié, Ryanair ne se soucie nullement de la sécurité de ses passagers, encore moins de celle de ses employés. «C'est une pure machine financière dont la vocation unique est de générer des profits. Il ne s'y trouve aucune considération, ni morale, ni sociale», a-t-il notamment écrit à ce propos. Selon lui, des pressions sont régulièrement exercées sur les pilotes afin qu'ils limitent l'utilisation de kérosène, ce qui met en péril la vie des voyageurs. Pire encore, les personnels aux commandes des avions seraient contraints à un rythme de travail infernal. «Seriez-vous rassuré en tant que passager de savoir que le commandant de bord n'a dormi que trois ou quatre heures la nuit précédente ?», a révélé à ce propos le pilote. Il semblerait que Ryanair n'est pas la seule compagnie à bas prix à utiliser ces méthodes qui font froid dans le dos. Faut-il conclure alors qu'elles sont moins sûres ? Statistiquement, les low-cost n'enregistrent pas plus d'accidents que les compagnies traditionnelles. Toutefois, les incidents recensés sur leurs vols ont de quoi inquiéter. Et dire qu'elles effectuent dans leur quasi-totalité des vols moyen-courriers dont la durée est inférieure à 5 heures sur une distance de moins de 4 000 kilomètres en général ! Qu'en sera-t-il demain lorsqu'elles s'attaqueront au long-courrier ?