Résumé de la 21e partie ■ Tout en marchant, Me Claire se remémorait l'horrible enchaînement des évènements qui avaient poussé la bibliothécaire à commettre son crime... Quelques mois plus tard, la pauvre adolescente s'était trouvée enceinte. Terrorisée par son père, jaloux et possessif de nature, elle avait dû céder à ses exigences : garder l'enfant et l'élever. N'était-ce pas la plus sûre façon de conserver auprès de lui sa fille, en empêchant tout autre homme de la lui enlever ? Il avait même poussé le machiavélisme jusqu'à faire croire aux voisins et à la famille que Solange avait été la malheureuse victime d'un suborneur disparu sans laisser d'adresse. Et il s'était posé, lui, en protecteur magnanime de la mère et de l'orphelin. Tout le monde s'était extasié sur la noblesse d'âme d'un père aussi aimant... et l'enfant avait commencé de grandir. C'était une fille à qui Solange avait voulu donner le prénom de sa mère décédée : Thérèse. Malgré sa honte et la répulsion que lui inspirait la promiscuité avec son père, Solange avait accompli des prodiges pour que sa fille ignorât toujours la véritable identité de l'auteur de ses jours. Elle s'était crue enfin délivrée de cet horrible fardeau moral quand le père était mort brusquement d'une crise cardiaque. Thérèse n'avait alors que sept ans. Solange avait ensuite essayé de vivre comme était en droit de l'espérer n'importe quelle jeune fille de vingt-trois ans. Après avoir un peu flirté à droite et à gauche, comme cela se faisait à son âge, elle avait finalement arrêté son choix sur un célibataire sensiblement plus âgé qu'elle. Etait-ce la conséquence de l'influence d'un père despotique, ou le désir de trouver une vraie protection pour elle et pour Thérèse, toujours est-il qu'elle avait tenté de refaire son existence avec ce compagnon déjà mûr qui promettait de prendre, en l'épousant, la grave décision de reconnaître son enfant «née de père inconnu». II avait tenu sa promesse, avec une certaine élégance, et pendant huit années, Solange avait cru connaître enfin le bonheur. Mais lorsque Thérèse était devenue elle aussi une jeune fille, elle s'était révélée diablement jolie, plus jolie encore que sa mère à son âge. Et c'était alors qu'un nouveau désastre était survenu : le mari convenable s'était épris de sa belle-fille et avait fini par la violenter un soir où il avait perdu le contrôle de lui-même. La jeune fille, affolée, avait tout raconté à sa mère. Solange, effondrée sous ce nouveau coup du destin, avait voulu, dans une réaction instinctive, supprimer l'homme abject en qui elle avait placé toute sa confiance et elle avait couru acheter un revolver. Mais le coupable, pressentant sans doute ce qui l'attendait, s'était enfui. Solange s'était alors retrouvée seule face à cette fille qu'elle n'avait jamais vraiment aimée puisqu'elle lui avait déjà gâché toute sa jeunesse. Et elle avait peu à peu pris sa présence en horreur. Le jour où Thérèse lui avait appris qu'elle était enceinte, elle avait décidé de se débarrasser d'elle. A suivre