«Le terrain vague est la véritable école de formation», dixit le légendaire Johan Cruijff. Il n'est plus à démontrer que la première école de formation, dans presque toutes les disciplines sportives, est la rue. Le basket-ball s'apprend dans les quartiers chauds de Harlem ou Los Angeles, le foot au Brésil se joue dans les fameuses favelas ou sur le sable chaud des plages, y compris pour le volley dont la sélection Auriverde, récente championne olympique, est le dépositaire au monde. Les athlètes éthiopiens et kenyans, à défaut de rues, écument les plaines et autres grands espaces de leurs vastes contrées. Après la rue ou la nature, là où naissent les talents et les vocations, vient la première étape d'une longue chaîne : l'école. La vraie. Longtemps, chez nous, le sport scolaire avait pris le relais pour prendre en charge la génération montante et lui offrir les infrastructures et l'encadrement nécessaires à son épanouissement. Les sports collectifs, comme le handball, qui a enregistré une réelle baisse de niveau, se pratiquaient à l'école avant que les clubs ne viennent, en bout de chaîne, pour façonner les athlètes de l'élite. Un exemple de ce qu'était un réservoir à champions chez nous, ce terrain de Fougeroux, un jardin public du temps de la France, qui a vu naître et évoluer de grands noms y compris des champions d'Afrique, tels Betrouni, Laroum, Menad, Bahbouh, Yacef et autres Dahmani. Aujourd'hui, ce terrain n'existe plus puisqu'il a été vendu par l'APC à un gros bonnet pour y ériger une villa de quelques milliards. Le réservoir est tari. Les anciens regrettent cet espace qui aurait pu être aménagé, comme cela se fait dans les pays développés qui respectent le droit de l'enfant (futur citoyen) au jeu et au sport. Quant aux enfants de Fougeroux, ils se contentent des rues étroites de la cité, avec tous les dangers qui les guettent. Voilà comment on a tué la première école de formation en Algérie. Ensuite, on se demande pourquoi nous ne sommes pas présents dans les grands rendez-vous mondiaux?