Intervention ■ L'armée américaine ne peut pas bombarder l'organisation Etat islamique (EI) «à l'aveuglette»... C'est ce qu'a souligné hier, mardi, le Pentagone, appelant à faire preuve de «patience stratégique» pour venir à bout des combattants djihadistes. «Personne n'a dit que ce serait facile ou rapide et personne ne devrait se laisser bercer par la fausse illusion de sécurité que ces frappes aériennes ciblées peuvent apporter», a souligné devant la presse un porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby. «Nous ne bombarderons pas, nous ne pouvons pas bombarder (l'EI) à l'aveuglette», a-t-il insisté. Durant la journée, les Etats-Unis ont annoncé avoir conduit pour les seules journées de lundi et mardi 22 frappes aériennes contre le groupe EI en Syrie et en Irak. Selon les arguments qu'avancent les autorités militaires américaines, les combattants de l'EI ne se déplacent désormais plus en larges groupes à ciel ouvert, mais se «dispersent» pour éviter d'être frappés depuis les airs. Ces propos interviennent une semaine après que Washington a commencé à mener des frappes aériennes contre les djihadistes en Syrie, avec l'aide de pays arabes. Les raids aériens ont touché des raffineries de pétrole contrôlées par les djihadistes, des chars d'assaut, de l'artillerie, des bâtiments et autres cibles, mais les militants continuent de gagner du terrain dans certaines régions, notamment près de la frontière turque. Sur un autre plan, c'est une annonce du corps des Marines américains qui aura marqué cette journée d'hier. Ce dernier a fait en effet état de son intention de déployer une force de 2 300 hommes au Moyen-Orient destinée, indique les autorités américaines à intervenir rapidement dans les crises de la région. Cette unité d'intervention ne sera cependant pas liée «aux opérations menées en Irak en ce moment», a tenu à préciser un porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby. Cette force sera dotée de plusieurs avions et se tiendra prête à bouger rapidement en cas «d'événement imprévu», selon M. Kirby. D'après un officier des Marines, ces 2 300 hommes seraient basés au Koweït. L'idée de créer ce type d'unité d'intervention remonte à l'année dernière, avant la campagne de raids aériens que mènent actuellement les Etats-Unis en Syrie et en Irak, précise cet officier. L'attaque contre le consulat de Benghazi, en Libye, le 11 septembre 2012, aurait ainsi conduit les militaires américains à réfléchir à la création d'une telle force de réaction. Celle-ci est destinée à permettre une réponse plus rapide quand une crise se déclenche dans une région donnée, nécessitant l'évacuation d'une ambassade par exemple. Une force du même type a déjà été mise en place pour la région Afrique. Cette dernière est basée en Espagne. R. I. / Agences Assad : «ceux qui ont propagé le terrorisme ne peuvent pas le vaincre» Les pays qui ont «propagé le terrorisme» ne peuvent vaincre les extrémistes, a affirmé le président syrien, Bachar al-Assad, en dénonçant les «objectifs cachés» des Etats-Unis au Moyen-Orient. «Combattre le terrorisme ne peut être le fait de ces pays qui ont aidé à créer des groupes terroristes en leur donnant un soutien logistique et financier et en ayant propagé le terrorisme à travers le monde», a déclaré le président syrien, cité par l'agence de presse officielle Sana. M. Assad a tenu ces propos lors d'une entrevue à Damas avec Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême iranien de sécurité nationale, arrivé mardi en Syrie. Les deux hommes ont estimé que les Etats-Unis abordaient la question de la lutte contre les extrémistes «avec des objectifs cachés qui ne servent pas les peuples de la région», selon les propos rapportés par Sana. Le président syrien a insisté sur le fait qu'une action militaire contre l'EI ne pourrait réussir si la coalition n'était pas élargie à la Syrie et à l'Iran, son allié clé dans la région. Premières frappes britanniques en Irak La Grande-Bretagne a mené ses premières frappes aériennes en Irak contre les positions du groupe Etat Islamique (EI). Deux chasseurs-bombardiers Tornado ont détruit un poste d'artillerie et un véhicule équipé d'une mitrailleuse lourde, a indiqué le ministère de la Défense. Ces deux frappes «ciblées» ont été un «succès», a ajouté le ministère, qui n'a pas précisé quand les raids ont eu lieu, ni leur localisation exacte. Les deux avions de combat étaient en mission de reconnaissance lorsqu'on leur a demandé de venir appuyer des troupes kurdes prises pour cible par les jihadistes de l'EI dans le nord-ouest de l'Irak. Ces frappes sont les premières depuis que le Royaume-Uni s'est rallié vendredi à la coalition militaire internationale. Un drapeau piégé de l'EI cause la mort de trois policiers l Trois policiers irakiens ont été tués hier, mardi, dans le nord de l'Irak lorsqu'ils ont manipulé un drapeau de l'organisation Etat islamique piégé à l'explosif. L'un des policiers a voulu arracher le drapeau noir de l'EI flottant sur une position que les djihadistes venaient de perdre mais il a déclenché un petit engin explosif caché, dont l'explosion a également tué deux autres membres des forces de l'ordre, a indiqué la police de Dakouk, située à cinquante kilomètres au sud de Kirkourk. Des unités de la police locale appuyant les Peshmergas kurdes venaient de reprendre aux combattants de l'EI trois villages près de Dakouk, tenus par l'EI depuis juin, quand le policier a tenté cet «acte héroïque», selon le chef de la police locale. Selon le chef du village de Taamour, près de Dakouk, «l'EI a élevé des centaines de drapeaux sur ses positions et les piège pour s'assurer que personne ne les descende». «Ces gens piègent tout : les routes, les maisons et même les drapeaux», a souligné le chef de la police de Dakouk. 70 élèves kurdes enlevés en Syrie relachés L'EI a relâché hier, mardi, plus de 70 élèves kurdes qui avaient été enlevés dans le nord de la Syrie en mai, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Aucune information n'était disponible dans l'immédiat sur les raisons et les circonstances de la libération de ces jeunes, annoncée dans un premier temps par les parents. Ils faisaient partie d'un groupe de 153 élèves de la ville d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde) enlevés le 29 mai alors qu'ils revenaient d'Alep (nord-ouest) après des examens. Ils avaient été kidnappés dans le secteur de Minbej, qui a récemment été la cible de frappes aériennes de la coalition anti-jihadistes menée par Washington. Dans les semaines qui ont suivi l'enlèvement, cinq jeunes étaient parvenus à s'échapper et 37 avaient été libérés, dont les 10 filles du groupe, selon l'OSDH. Une trentaine de jeunes restent captifs de l'EI.