Rencontre ■ A l'heure des doutes sur la stratégie contre les djihadistes qui gagnent du terrain en Syrie et en Irak, le gratin militaire des pays de la coalition internationale se retrouve aujourd'hui, mardi, à Washington. Il s'agit d'un rassemblement sans précédent depuis la mise sur pied en septembre d'une alliance internationale contre les djihadistes. Il sera piloté par le plus haut gradé des forces armées américaines, le général Martin Dempsey, et par le commandant pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, le général Lloyd Austin. Deux mois après le début des bombardements contre les bastions de l'EI en Irak et après trois semaines de frappes en Syrie, Washington reste très discret sur les enjeux de la réunion : les 22 participants «parleront d'une vision commune, des défis et de l'avenir de la campagne contre l'EI», s'est contenté de dire un porte-parole du général Dempsey, le colonel Edward Thomas. Un diplomate du département d'Etat a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des «annonces» à l'issue de cette réunion. Plus disert, le porte-parole de l'état-major des armées françaises a confié que Paris entendait «participer à l'élaboration d'un plan d'action conjointe à visée régionale» et «se mettre d'accord sur les grands aspects stratégiques» contre Daech. La Maison-Blanche a souligné dans la soirée que la rencontre donnerait l'opportunité aux membres de la coalition de «faire le point» sur les opérations militaires en cours et d'étudier d'autres options stratégiques. Le président Obama a hâte «de discuter des mesures supplémentaires que la coalition peut prendre pour affaiblir et au bout du compte détruire l'EI», a indiqué un porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC). Il n'a toutefois pas évoqué les points de divergence entre les partenaires de la coalition. L'un de ces désaccords porte sur la création d'une zone tampon à la frontière entre la Syrie et la Turquie, un projet réclamé par Ankara, soutenu par Paris mais «pas à l'ordre du jour» pour Washington. Pour l'instant, sur le terrain, les djihadistes engrangent les succès. Pour la première fois hier, lundi, ils ont pris position dans le centre de la ville kurde syrienne de Kobané, à la frontière turque. A cette occasion, Washington et Ankara, alliés au sein de l'OTAN, se sont une nouvelle fois indirectement accrochés sur la stratégie militaire contre l'EI : un responsable américain a assuré que les Etats-Unis pourraient utiliser la grande base turque d'Incirlik (sud), où 1 500 Américains sont stationnés, avant de se faire contredire par le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu. Exprimant leurs inquiétudes, les Etats-Unis n'en envoient pas moins des messages ambigus : le secrétaire d'Etat, John Kerry, a affirmé dimanche soir au Caire que la «stratégie que nous bâtissons (permettra) d'isoler Daech», mais qu'«au bout du compte, il reviendra aux Irakiens de reprendre l'Irak». R. I. / Agences 21 pays, une rencontre et des interrogations Aux côtés des plus hauts gradés américains, leurs homologues de 21 pays, dont des chefs d'état-major, sont attendus sur la base aérienne d'Andrews (Maryland, est) près de la capitale fédérale, en présence du président Barack Obama, selon la Maison-Blanche. Les représentants de ces gouvernements (Allemagne, Arabie Saoudite, Australie, Bahreïn, Belgique, Canada, Danemark, Egypte, Emirats arabes unis, Espagne, Etats-Unis, France, Irak, Italie, Jordanie, Koweït, Liban, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Qatar, Royaume-Uni, Turquie) «discuter(ont) des efforts de la coalition dans la campagne actuelle contre l'EI», a indiqué la présidence américaine, sans préciser le menu des conversations, encore moins ce qui pourrait être décidé.