À voir l'importance accordée à la réunion des responsables militaires de la coalition contre Daech depuis hier à Washington, tout indique que la stratégie appliquée jusque-là a été un échec. Aux côtés des plus hauts gradés de l'armée américaine, les représentants des 21 pays membres de la coalition, dont des chefs d'état-major, étaient attendus hier à la base aérienne d'Andrews dans le Maryland, pour une réunion exceptionnelle afin de revoir la stratégie adoptée jusque-là contre l'organisation terroriste Daech. L'importance de ce conclave est telle qu'elle a nécessité la présence du président Barack Obama, selon la Maison-Blanche. Ainsi, c'est la crème militaire des pays de la coalition internationale menée par les Etats-Unis qui s'est retrouvée hier à Washington, au moment où des doutes sont exprimés sur la stratégie adoptée contre le groupe Daech, dont les combattants continuent à gagner du terrain en Syrie et en Irak. C'est l'occasion pour les représentants de tous les membres de la coalition, que sont l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, l'Australie, Bahreïn, la Belgique, le Canada, le Danemark, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Espagne, les Etats-Unis, la France, l'Irak, l'Italie, la Jordanie, le Koweït, le Liban, l a Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Qatar, le Royaume-Uni et la Turquie, de "discuter des efforts de la coalition dans la campagne actuelle contre l'EI", a indiqué la présidence américaine, sans préciser le menu des conversations, encore moins ce qui pourrait être décidé. Il s'agit d'un rassemblement sans précédent depuis la mise sur pied en septembre d'une alliance internationale contre Daech, que le plus haut gradé des forces armées américaines, le général Martin Dempsey, et le commandant pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, le général Lloyd Austin, ont la charge de piloter. Deux mois après le début des bombardements contre les bastions de Daech en Irak et après trois semaines de frappes en Syrie, force est de constater que les résultats sont loin d'être satisfaisants. Mais Washington reste très discret sur les enjeux de la réunion, comme l'indique cette déclaration du porte-parole du général Dempsey, le colonel Edward Thomas, indiquant que les 22 participants "parleront d'une vision commune, des défis et de l'avenir de la campagne contre l'EI". Un diplomate du département d'Etat a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des "annonces" à l'issue de cette réunion. Plus bavard, le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Gilles Jaron, a confié que Paris entendait "participer à l'élaboration d'un plan d'action conjointe à visée régionale" et "se mettre d'accord sur les grands aspects stratégiques" contre Daech, l'acronyme arabe de l'Etat islamique. Ceci étant, la Maison-Blanche a reconnu à demi-mot l'échec de la stratégie adoptée jusque-là, en soulignant que la rencontre donnerait l'opportunité aux membres de la coalition de "faire le point" sur les opérations militaires en cours et d'étudier d'autres options stratégiques. La même source n'a toutefois pas évoqué les points de divergence entre les partenaires de la coalition, même si la création d'une zone tampon à la frontière entre la Syrie et la Turquie, un projet réclamé par Ankara, soutenu par Paris mais "pas à l'ordre du jour" pour Washington, demeure un désaccord important. M. T.