Récits Ils sont nombreux à avoir assisté à la blessure d?une personne dans le train, touchée par un projectile. Tétanisés, ils gardent ce souvenir comme une leçon afin de ne pas être les prochains. «J?ai vu ce pauvre homme debout s?écrouler à mes pieds après avoir reçu un projectile en pleine tempe», dira ce monsieur rencontré près de l?entrée de la gare d?El-Harrach. La nouvelle de la mort d?un mécanicien, hier dans les mêmes conditions, a eu l?effet de raviver se souvenir amer qu?il relate en tremblant. «Le sang giclait, les gens affolés criaient pour qu?on arrête le train, d?autres accouraient vers la victime tout en étant impuissants et moi qui assistais à la scène paralysé», raconte-t-il l?air triste. Ce jour-là, une personne de plus venait de rendre l?âme emportée par la bêtise humaine. «Je n?ai jamais su qui était l?auteur de cet acte barbare ni même entendu parler de la victime depuis», dira ce témoin ajoutant que c?était «seulement un moment intense d?émotions qu?on aurait souhaité ne pas vivre». Toutefois, ce quinquagénaire affirme que depuis, il reste toujours sur ses gardes en prenant le train. Interdit de s?assoupir ou de s?oublier dans des calculs qui vous coûteront la vie. Une moralité que beaucoup d?autres personnes ont apprise en vivant les mêmes moments de douleur. Ainsi, il suffit d?un craquement pour que la majorité des passagers d?un train baisse la tête et ferme les yeux. Des gestes anodins, mais qui peuvent sauver contre des actes ignobles qui ont malheureusement fait leurs victimes à l?image de ce bébé touché en plein visage par un projectile au sortir de la gare d?Hussein Dey. Voyant que son enfant étouffait sous la chaleur, sa maman a ouvert la fenêtre et ce malgré les mises en garde des initiés à ce genre de trajets. La sentence ne tardera pas et le bébé en fera les frais malheureusement. Des étudiants figurent aussi sur la longue liste des victimes. De retour après une journée harassante sur les bancs des classes, nombreux seront touchés par des projectiles jetés des abords des rails au passage du train. Un vigile de la Sntf, travaillant à bord du train, affirme ne plus compter le nombre de jeunes blessés et au bord de l?évanouissement qu?il a dû secourir, porter jusqu?à la sortie de la gare avant d?appeler leur famille pour venir les accompagner. «Le train, c?est un piège roulant», dira-t-il. Si vous l?empruntez un jour, alors un conseil : «Restez vigilant !», ajoute le vigile.