Réalité - L'exploitation du gaz de schiste dans certains pays occidentaux n'a pas donné les résultats escomptés en termes de diversification des sources énergétiques, ni même sur le plan économique. Contrairement à ce que les hauts responsables de l'Etat affirment à ce sujet, les grandes sociétés ayant tenté l'expérience souffrent aujourd'hui de grosses difficultés et se retrouvent confrontées à d'énormes problèmes. La rentabilité de cette énergie non conventionnelle est donc sérieusement remise en question. A ce titre, l'agence américaine d'information économique et financière Bloomberg a rapporté, début juin, que les investisseurs dans le schiste aux Etats-Unis commençaient à connaître un niveau d'endettement «fortement élevé» en raison des grosses dépenses mobi-lisées dans les forages, alors que leur chiffre d'affaires s'avère plutôt faible. Le montant de la dette contractée pour investir dans le schiste a presque doublé entre 2010 et 2014, tandis que les revenus financiers de la production n'ont pas suivi le même rythme en augmentant de seulement 5,6%, selon une enquête menée par cette agence spécialisée auprès de 61 entreprises américaines d'exploration et de production de schiste. «La liste des entreprises américaines du schiste qui sont en difficulté financière est considérable», selon une société new-yorkaise de gestion des actifs du secteur de l'énergie, ajoutant que «ce n'est pas tout le monde qui va survivre» dans l'investissement dans le schiste aux Etats-Unis, qui exige une forte intensité de capitaux. De nombreux puits de pétrole et de gaz de schiste génèrent, au départ, une importante production au cours de la première ou des deux premières années, mais qui sont suivies d'une chute brutale de la production, ont expliqué plusieurs experts. Les compagnies ayant opté pour cet investissement éprouvent beaucoup de difficultés à rembourser leurs dettes, a encore dévoilé le même rapport. Virendra Chauhan, analyste du secteur pétrolier et auteur d'un rapport intitulé «L'autre conte du schiste», estime que le risque pour les producteurs de schiste est qu'en raison des taux de déclin de la production, leurs dépenses en capital sont constamment élevées, alors que le remboursement de leurs dettes engloutit une part croissante du chiffre d'affaires. Plusieurs autres rapports ont démontré l'inefficacité économique de l'exploitation du gaz de schiste, à l'image du site britannique d'information et d'analyse énergétique «Oil price», qui a indiqué, dans un rapport récent, que les taux d'épuisement des puits de schiste, la baisse des prix du pétrole et du gaz en raison de la surabondance et le surendettement des compagnies pétrolières et gazières américaines risquent de plomber sérieusement l'engouement pour l'exploitation de cette énergie. Les experts de ce site confirment, encore, que les puits de pétrole et de gaz de schiste ont un taux rapide de déclin et d'épuisement. Citant des puits dans l'Oklahoma, la production moyenne de puits de pétrole de schiste a baissé d'entre 50 et 78% après la première année, alors que celle du gaz de schiste a reculé d'entre 50 et 75% après la première année. La recherche continuelle de nouveaux gisements devient donc une nécessité impérieuse pour ces entreprises, si elles veulent maintenir leur niveau de production. Mais cela engendre encore de grosses dépenses, ce qui se répercute sur un niveau de rentabilité des plus faibles, expliquent encore les mêmes chercheurs. Les hauts responsables algériens veulent-ils alors vraiment s'engager dans une course perdue d'avance ? A.H.