Maturité Mohamed-Réda revient avec un autre album, avec d?autres expériences. Son séjour à l?étranger lui a permis d?enrichir sa personne, d?affermir ses convictions musicales. InfoSoir : Mohamed-Réda est-il de retour ? Mohamed-Réda : C?est un retour, en effet, après une longue absence, et cela coïncide avec le nombre de chansons que contient mon nouvel album, je dirai, peut-être, chaque année une chanson. J?ai vraiment travaillé longtemps sur cet album. Il y a eu une longue traversée du désert par rapport à ma carrière algérienne, parce que je n?étais pas vraiment sûr de ce que j?entreprenais. Comment voyez-vous votre retour ? Je le vois positif. J?espère que ce nouvel opus qui résume ma carrière marchera commercialement bien. Je le vois positif parce que je reviens avec de nouvelles expériences acquises à l?étranger, d?où le titre de mon album. Peut-on connaître les raisons de votre «exil» ? En réalité, j?ai toujours été un oiseau migrateur, comme le dit Rachid Bahri dans sa chanson L?oiseau migrateur, et à laquelle je m?identifie. J?ai commencé, très tôt, à bourlinguer, parce que j?ai toujours été attiré par des horizons nouveaux. J?ai toujours voulu découvrir d?autres cultures, d?autres mondes. Peut-être parce que j?ai habité Bab-El-Oued, où, chaque soir, en scrutant l?horizon, je voyais des lueurs qui m?appelaient, comme si elles me «draguaient». L?autre raison, celle-ci plus concrète, qui m?a poussé à l?exil, ce sont les résultats des élections législatives de 1991, notamment l?hostilité envers l?art et la culture. D?ailleurs, plus d?un artiste algérien a décidé d?aller traîner sa bohème ailleurs. Où étiez-vous durant ces années ? Je suis allé en 1991 au Maroc pour des vacances et j?y suis resté trois ans. C?est un pays qui m?a réellement séduit, avec sa culture, ses couleurs et ses hommes. A l?époque, je m?intéressais beaucoup à la poésie arabe, à la musique chaâbie, arabo-andalouse et au melhoun, quelque part je suis allé à l?origine de ces textes et de ces musiques qui provenaient de Fès, de Meknès, d?Agadir aussi. Ensuite, je me suis installé en Allemagne. C?est aussi un pays qui m?a séduit par sa culture, par l?aspect historique de Berlin. Comment a été votre exil ? Cela a été enrichissant. D?abord, j?ai appris l?allemand que je ne connaissais pas. Ensuite, j?ai commencé à travailler dans un théâtre pour enfants, je faisais des musiques pour les pièces. Puis, j?ai joué avec beaucoup de musiciens brésiliens dans des groupes de samba et de bossa-nova, j?ai «flirté» avec le gospel dans des groupes new-yorkais. Les Allemands, à leur tour, ont découvert la richesse de la musique arabe, et des compositeurs de films se sont intéressés à moi, moi qui suis multi-instrumentiste. J?ai donc fait des musiques pour des téléfilms. Vos projets ? Je travaille sur un album pour enfants. L?autre projet auquel je tiens vraiment, c?est de reprendre le répertoire de Cherif Khaddem, un chanteur que j?admire.