Toujours dans le cadre du Mois culturel européen, la salle Ibn-Zeydoun a vibré, vendredi dernier, au son du jazz fusion entre Orient et Occident... «Petit Moh» comme il n'aime pas qu'on le surnomme alias Mohamed Réda s'est produit vendredi dernier dans une salle comble à Ibn-Zeydoun où, accompagné de ses amis et musiciens allemands, il a animé un «vrai» concert de jazz, comme rares sont ceux qui savent le faire. Visiblement très à l'aise sur scène, Mohamed Réda évoluait sûrement dans son élément. Queue de cheval, le sourire large, mettant la fièvre à sa guitare, il était soutenu musicalement par 4 superbes musiciens venus d'Allemagne: Rolf Zielke au piano, Michel Kersting à la batterie, Edward McLean à la basse et l'excellent Mark Leimann au saxophone. D'emblée, Mohamed Réda salue en l'Allemagne son accueil chaleureux et son esprit d'ouverture.«C'est le peuple qui a beaucoup appris des guerres. Après la Seconde Guerre mondiale on les a traités péniblement. Cette génération (nouvelle) a beaucoup appris de cette expérience. C'est un pays totalement ouvert aux autres cultures. L'Allemagne, c'est tout ce brassage culturel. C'est pour cela que je l'applaudis!» et puis de lâcher «Tahia El Djazaïr...!» Mohamed Réda, en véritable crooner, servira en première partie les plus beaux stands de jazz. Entre ballade romantique, bossa ou samba, Momo joue avec son timbre de velours et finit par moment, le morceau, par un joli istikhbar, preuve s'il en est que ce digne fils de Bab El-Oued n'a pas perdu de ses influences premières à l'image du chaâbi ou l'andalou et même de son penchant pour la soul music... I fall in love to easely de Chet Baker, Round Midnight, I concentrate you sont autant de titres à la veine romantique et à la note bleue qui ont insufflé, sur la salle, un vent de douceur et de rêverie. Mais l'ambiance promettait d'être plus chaleureuse, endiablée. Et comment! Mohamed Réda invite à se joindre à lui une belle et pulpeuse chanteuse albanaise qui a failli ravir la vedette à Mohamed: Eda Zari. Après une ballade bluesy, interprétée par la jolie Eda, Mohamed revient sur scène, une derbouka à la main. «Ah!» crie le public, content de revoir un instrument de chez nous. «Ça chauffe toujours avec Eda», confie Mohamed. Et de joindre l'acte à la parole. C'est une avalanche de rythmes qui secouent la salle avant de finir avec un bel hommage que la chanteuse rendra à feu son oncle compositeur de son état. La 3e et dernière partie du concert, Mohamed Réda l'a consacrée à son dernier album, sorti l'été dernier Expérience, - Qui est passé inaperçu... Silence religieux dans la salle. Ceux qui n'ont pas eu la chance de l'écouter peuvent apprécier quelques-uns de ses morceaux in live. L'intro, un istikhbar chaâbi comme seul Moh sait faire, décroche des youyous qui déchirent le silence. Momo chante avec émotion Biya dak el mor suivi de Ayli. Changement de registre, l'artiste chante dans sa langue maternelle, le kabyle, Houch, houch, accompagné au choeur par la charmante Eda. «J'ai connu un grand homme, il m'a appris à jouer de la guitare... il s'agit d'El Badji», et c'est une belle et originale version de Thedet maâk ya kalbi qui ira à la conquête du public. On n'arrive à la fin de la soirée. Reggae, orientalo-jazz, rock est le nouvel habillage musical de Biya dek el mor, chanson sur «El Ouahch» que Momo revisitera avec bonheur. «Je vous laisse déguster le plat», déclare Momo au faîte de sa maturité musicale. Connu pour ses qualités de musicien invétéré, maîtrisant le jeu sur différents instruments de musique et modulant sa voix à sa guise, Mohamed Réda qui vit depuis 10 ans à Berlin a offert, vendredi un beau cadeau aux Algériens. Mais on aimerait qu'il ne soit pas le dernier. Multipliant les expériences, les scènes et la composition de musique pour films, Mohamed a eu à tourner en automne dernier avec la vedette anglaise du pop, le Sieur Sting en personne, à travers les grandes métropoles du monde. «Mohamed Réda und Freude» est un projet de musique jazz-fusion, un mixage de styles avec lequel l'artiste et ses amis allemands ont voulu transmettre leur passion au public algérois. Pour créer enfin un pont de culture et d'amitié entre l'Orient et l'Occident. Généreux avec les grands, Momo l'a été aussi jeudi, avec les enfants pour lesquels il a animé à la salle Frantz-Fanon de Riad El-Feth un spectacle de chants issu du répertoire universel de la musique pour enfants, en particulier des chansons allemandes et algériennes. Il régalera également, les enfants avec des jeux très attractifs. Normal, Momo n'a pas perdu de son âme d'enfant et nous, on aime.