Projet - Brahim Bahloul entretient depuis des décennies un lien indélébile, malgré ses cheveux blancs, avec la chorégraphie et les pas de danse, pour ne pas dire la danse dans toutes ses composantes issues du terroir. Actuellement membre du Conseil national des arts et des lettres et anciennement directeur du Ballet national, il est actuellement appelé par la direction de cette même institution à mettre sur pied une banque de données sur les danses populaires. Dans le cadre de ses investigations artistiques et culturelles, il a sillonné tout récemment les régions de Djelfa, Aflou, Bous- saâda, Laghouat et Sidi Makhlouf «au terme d'un périple qui nous a mené aux confins des Hauts-Plateaux du Sud. Nous nous intéressons actuellement à la danse des Ouled Naïl ou saâdaoui», dit-il. S'exprimant davantage sur le projet de banque de données, Brahim Bahloul explique : «Ce travail scientifique est une initiative de Mme Namous, l'actuelle directrice du Ballet national. Nous nous attelons à la mise en œuvre d'une base de données sur le patrimoine chorégraphique.» Il explique, en outre, que «la mission de recherches dure plusieurs jours et interpelle à chaque mission les directeurs des maisons de la culture qui sont d'une aide conséquente à nous faire rapprocher des différents groupes folkloriques encore opérationnels. Le stockage des éléments techniques fiables nécessite une filmographie des groupes de danseurs et danseuses, des photos de chaque costume, bijou ou autre accessoire et l'enregistrement d'éléments ou informations qui ont trait aux us et coutumes séculaires. Il faut savoir que la base de données exige de remonter jusqu'à la source afin de récupérer ce qui a pu nous échapper et agencer tout cela en un dispositif informatisé». Quant à la question de savoir quelles sont les autres régions où il s'est dirigé, et ce, en apport avec son travail sur les danses populaires, Brahim Bahloul répond : «La wilaya de Tizi-Ouzou. Nous y avons intégré Maatkas et Draa El Mizan.» Ce dernier souligne que les danses de Haute Kabylie «sont apparentées aux danses chaouies de par leur racines amazighes. «Cependant, elles nous ont fait découvrir la difficulté chorégraphique se rapportant à la danse des femmes et des hommes de Kabylie. Notons que le style exécuté en mixité brise bien des tabous. Quant aux Aurès, on a remarqué que deux danses émergent de cette région, «trik el kheil» ou la danse de la jument et celle baptisée «El abdaoui». Brahim Bahloul compte sillonner d'autres parties du pays, et ce, pour les besoins de la base de données chorégraphiques. Nous prévoyons de nous rendre dans la willaya de Béchar pour aller à la rencontre des expressions chorégraphiques locales «Houbi, Diwan et Hidouss». «L'Algérie fait partie des rares pays au monde possédant une richesse inestimable dans le domaine des danses traditionnelles. Malheureusement, il faut déplorer la disparition de nombre d'éléments chorégraphiques et vestimentaires», regrette-t-il. La carrière artistique de Brahim Bahloul a débuté en 1963 par la création du Ballet «El Manar», sous la tutelle du ministère du Tourisme. Il intègre le TNA en 1965 en qualité de chorégraphe. En 1968, bénéficiant d'une bourse d'études en Hongrie, il se spécialise en ethnographie et cinétographie. Il revient au TNA pour gérer l'Ensemble national des dan-ses populaires et prend la direction du Ballet national. Il est l'auteur de trois ouvrages : La cinétographie, méthode internationale de la notation de la danse, Les instruments de musique utilisés en Algérie et Les danses algériennes, qui seront bientôt en librairie.