Résumé de la 74e partie n Claire apprend avec stupéfaction que Jacques avait quitté la ville définitivement Cette fois, le sanctuaire était loin d'être rempli. Quelques détenues s'étaient cependant déplacées, ainsi que deux des religieuses de l'infirmerie et la femme de Sosthène, qui travaillait aussi comme surveillante. A l'issue de l'office, la visiteuse rejoignit le prêtre dans la sacristie. Il l'accueillit avec affabilité. — Que puis-je pour vous, madame Claire ? — M'écouter, mon père... mais pas ici ! Ce que j'ai à vous dire est très long et un peu particulier. Je suis venue m'adresser à vous parce que je pense que vous êtes le seul à pouvoir me comprendre. — Une confession ? — Je ne demande pas l'absolution, mais qu'au moins on m'écoute et, si possible, qu'on me donne un conseil. Accepteriez-vous de passer chez moi en fin d'après-midi ? — C'est donc si pressé que cela ? — Oui, mon père. — Alors disons ce soir à dix-huit heures. Cela vous va ? — Très bien. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je vous suis reconnaissante d'accepter de vous déranger... — Il n'y a aucune reconnaissance à avoir. Je ne fais que remplir mon rôle de prêtre en venant audevant de tous ceux qui ont besoin de mon aide. A ce soir. — A ce soir, mon père. Et encore merci. Dès que le père Gourny fut entré dans la modeste chambre de Claire, elle lui offrit une chaise - celle sur laquelle s'était assis Tim-Tom, lors d'une autre étrange confession - et elle-même se cala sur son lit, en expliquant: — Oui, mon père, j'ai préféré vous parler ici, car je me sens plus calme dans ce décor qui m'est familier. — Vous êtes donc si angoissée que cela, ma fille ? — Pas angoissée, disons troublée et désorientée. Mais je crois qu'il vaudrait mieux tout simplement commencer par le commencement avant d'en arriver aux événements les plus récents. Et Claire raconta alors ses années de pensionnat, son mariage, très jeune, pour échapper à un univers étouffant, l'échec de ce mariage, puis son veuvage qui l'avait laissée à vingt et un ans sans argent ni situation. Tout cela, elle l'avait déjà raconté à Jacques. Mais la suite de sa confession était restée ignorée du jeune médecin. Cela s'était passé une dizaine d'années plus tôt, dans le Midi de la France... A cette époque-là, un autre ecclésiastique, l'abbé Plançon, curé de Saint-Firmin, une petite commune du Var, avait joué un grand rôle dans la vie de Claire. L'abbé Plançon avait une passion : les roses. Il en cultivait des centaines dans le petit jardin qui entourait son presbytère, et il portait à chacune une attention et un soin maniaques. Le résultat était certes digne d'admiration - à force de bouturages et de greffes l'abbé avait réussi à obtenir des variétés inconnues dans le pays -, et sa roseraie était le seul péché d'orgueil de. ce brave curé, par ailleurs le plus charmant des hommes. A suivre