Résumé de la 3e partie n Benito qui s'est déjà confessé à l'aumônier de la prison, lui demande de parler pour lui au procès. L'abbé lui promet d'essayer... C'est vrai, Benito, mais ils ne sont pas obligés de me croire, et s'ils te condamnent à mort, que Dieu les pardonne. — Ça fait rien, père. Si je meurs, si je vais en enfer, ça fait rien. Mais je veux qu'ils sachent que Francisco était mon copain, et que je l'ai tué pour ça !» Difficile entreprise que celle de faire admettre à une cour aussi sévère qu'un balayeur peut devenir criminel en ayant pour mobile de nobles sentiments. Toutefois, chose rare, due à l'insistance du prêtre, le procureur et le juge ne refusent pas d'entendre l'abbé au procès de Benito Pascual, qui s'ouvre le lendemain. Une seule journée de débat a été prévue, car l'affaire est simple. C'est un mauvais présage. Sur la table du juge, un paquet de lettres, retrouvées chez la victime, entouré d'une ficelle rouge. Il y a là une trentaine de missives écrites par un fantôme, celui de Soledad, la fiancée imaginaire du balayeur Francisco. C'est de cela que parle l'abbé, debout à la barre, et il sent le regard de Benito accroché à lui, brillant d'espoir. Le juge précise : «Père, vous êtes entendu par dérogation exceptionnelle, et sur votre demande. Je précise aux jurés que votre témoignage n'est que le reflet des paroles de l'accusé, lequel a estimé qu'il n'était pas apte à les exprimer clairement. Vous n'êtes donc entendu par la cour qu'à titre indicatif. Nous vous écoutons.» De son coin, Benito souffle : «Allez-y, père, dites-leur ma confession.» On le fait taire sans ménagement. Pour tout dire, les magistrats ont le sentiment que l'accusé tente d'impressionner les jurés en se servant d'un prêtre. Il espère ainsi échapper à la peine de mort qu'a requise le procureur. L'abbé parle. C'est un vieil homme, pauvre et sans grande envergure, qui visite les prisons depuis des années. On le dit trop bon pour les prisonniers. «Benito m'a chargé de vous révéler l'essentiel de sa confession. Pour cela, il m'a redit devant témoins, dans sa cellule, les motifs de son crime. Je suis donc autorisé à vous en faire part. «Francisco était son ami. Un ami dont le cerveau n'était pas très habile à la réflexion. Le pauvre homme parlait tout seul, tant il était timide, il faisait des confidences à son balai. Un jour, Benito a voulu réaliser le rêve de son ami. Lui trouver une femme, même en rêve, pour qu'il soit amoureux, et heureux enfin. «Ce pauvre Benito n'a pas compris que le jeu pouvait être cruel aussi. Un jour, Francisco lui a demandé d'écrire une lettre à sa fiancée pour avoir d'elle une photo. Benito s'est senti pris au piège. Comment faire pour trouver une photo d'un être qui n'existait pas ? Et il l'avait tant décrite, cette femme. Francisco l'écoutait, pendant des heures, lui raconter qu'elle avait de longs cheveux bruns et des yeux si beaux. Alors il a eu une idée. Il a acheté dans une librairie une photo de Rita Hayworth. «Francisco qui n'avait jamais lu un journal, jamais été au cinéma, ne pouvait pas la reconnaître. Il a été si content, que Benito a commencé à avoir peur. Il était amoureux, vraiment, terriblement. «Il ne parlait plus que d'elle. Il portait sa photo sur lui, et la cachait jalousement. Il se faisait lire et relire les lettres de sa fiancée, en contemplant la photo. Et puis le drame est arrivé. A suivre Pierre Bellemare